28.02.2012

Des semences pour un monde nouveau !

L'indignation, certes me direz-vous , mais est-ce suffisant pour faire émerger un monde nouveau qui réponde aux aspirations d'une grande partie d'entre nous ? Non ! Si elle n'est pas suivie d'actions concrètes, elle n'est qu'un “pavé de plus dans la mare”: quelques éclaboussures et puis la surface de l'eau retrouve son calme initial ! Il nous faut absolument des pistes, des indices, des projets ou des solutions nous empêchant de retomber dans une torpeur et une indifférence généralisées, attitude qui risque d'être notre lot dans les années à venir...

Loin des fureurs et des polémiques de notre époque, certains êtres humains ont mené des actions discrètes mais bien concrètes. Je sais qu'il existe des initiatives fort intéressantes dans certaines régions et dans certains pays de notre “monde moderne” comme les pratiques d'échanges de biens et de services entre concitoyens court-circuitant le système économique et financier actuel, mais aujourd'hui je voudrais rendre un hommage à un homme vraiment exceptionnel dont j'avais entendu parler il y a une quinzaine d'années et que j'ai “redécouvert” cette année: Pierre RABHI. Cet homme d'origine algérienne est un des pionniers de l'agriculture biologique ainsi qu'un expert en matière de sécurité alimentaire. Dans l'un de ses derniers ouvrages intitulé Manifeste pour la Terre et l'humanisme, ( Editions Actes Sud, 2008 ), il nous invite à une “insurrection des consciences” pour répondre au gaspillage des ressources et à la destruction rapide des richesses de notre planète.

Si nous continuons sur la logique actuelle de la mondialisation ( qui est pour moi la plus grande tromperie du siècle, que l'on a réussi à faire accepter aux êtres humains ainsi qu'aux décideurs, car, loin d'être un idéalisme universaliste et planétaire, elle ne sert que les intérêts d'un petit groupe de privilégiés !), où les ressources alimentaires dépendront de grands monopoles transnationaux, non seulement nous contribuons à l'appauvrissement généralisé des pays actuellement auto-suffisants, mais encore nous devenons dépendants de groupes d'intérêts concentrés dans les mains d'une poignée de personnes. D'après Pierre RABHI, cette situation conduira tôt ou tard à un “tsunami alimentaire mondial”, ce que nous commencons déjà à vivre dans certaines régions d'Afrique, où15 à 20 millions de personnes sont actuellement menacées par la famine.

Afin de contrebalancer les effets de l'agriculture intensive moderne destructrice de la nature, il nous propose, entre autres, de mettre en place de petites unités d'agriculture biologique autonomes et respectueuses de l'environnement ( pour plus de détails, vous pouvez consulter son site Internet www.terre-humanisme.fr , où vous découvrirez des exemples concrets de réalisations de “communautés ou de villages écologiques”, comme Les Amanins , La Borie ou La ferme des enfants,...). Bref, il nous demande de pratiquer une certaine frugalité , ce qui me semble logique et raisonnable mais surtout très sain. Cependant , cette “philosophie” déclenche la fureur des personnes nanties de notre civilisation moderne habituées à gaspiller et à accumuler richesses et confort matériel et qui ne peuvent pas supporter un seul instant de mettre un frein à leur pratique compulsive de consommation.

De même, certains écrivains ou penseurs font actuellement feu de tous bois contre l'écologie et le mouvement écologique. Nicolas Hulot est traité de naïf et les “Verts” d'”ayatollahs” voulant nous faire revenir à l'âge de pierre, comme si frugalité et modération dans nos modes de vie étaient considérées comme insupportables par ces esprits habitués à l'accumulation et à l'accaparement de richesses et de possessions de toutes sortes, persuadés qu'ils sont du bienfait “incontestable” du
progrès linéaire et sans limite.

Le fait est que le mouvement écologique dérange notre “bonne conscience”, car il nous montre
combien nous, qui vivons dans des pays riches, sommes privilégiés sur le plan du confort matériel et des facilités de toutes sortes, que cette situation peut ne pas durer éternellement et qu'il nous faut être solidaires de ceux qui ne possèdent rien et qui se battent actuellement pour survivre. Et surtout,
il nous faut penser à l'avenir, à ceux qui viendront après nous et à ce que nous allons leur laisser en héritage. Bref, l'émergence d'un monde nouveau ne pourra se faire sans un minimum de solidarité avec les autres et sans la mise en place effective de solutions alternatives aux modes de vie et aux pratiques économiques, politiques et spirituelles actuels.