24.11.2013

La Loi de la Réciprocité



La Loi de la Réciprocité


Aujourd’hui, je voudrais vous poser une question simple: Comment voudriez-vous que les autres se comportent avec vous ? ( avec son corollaire: comment auriez-vous aimé que les gens se comportent avec vous dans le passé ? ) Répondez sincèrement et spontanément pour vous-même à cette question.

Maintenant, posez-vous cette autre question: Comment suis-je avec les autres ? Quel regard est-ce que je porte sur eux ? D’une manière générale, suis-je ouvert, généreux, tolérant, compréhensif, compatissant ? Ou bien, suis-je neutre, indifférent, méfiant, prudent ? Ou bien encore, suis-je agressif, fermé, soupçonneux, dur ? Répondez sincèrement à cette deuxième question . Et puis, comparez les deux réponses: sont-elles en accord, en phase l’une avec l’autre ? Si elles ne le sont pas, dites-vous bien que là réside l’énorme malentendu dans les relations entre les gens: cela signifie, en effet probablement, que la majorité des êtres humains sont encore incapables de se comporter avec les autres comme ils aimeraient que ceux-ci se comportent avec eux ! Si vous êtes souvent froid ou agressif avec les autres, par exemple, ne vous étonnez pas que les gens soient plutôt distants ou nerveux avec vous, et surtout vous n’avez aucun droit de le leur reprocher! Car, il existe ce que les personnes intéressées par l’ésotérisme et la spiritualité appellent la Loi d’Attraction, à savoir: “le même attire le même”. Ne vous étonnez donc pas de “recevoir la monnaie de votre pièce”, ne soyez pas ébahi que l’autre vous renvoie votre image comme un miroir qu’il est pour vous,... comme le miroir que nous sommes tous, de toute évidence, pour les autres !

Comment voudrions-nous que les choses changent dans le monde, si nous ne sommes pas capables d’accorder nos pensées et nos actes dans nos relations avec les autres, car la situation générale sur cette planète dépend essentiellement  des relations que les humains entretiennent entre eux ? Ce que je veux dire ici, et je crois que vous avez commencé à voir où je veux en venir, c’est que nous devons être conscients d’une Loi très simple: les autres se comporteront avec vous de la même manière que vous vous comportez avec eux. C'est pourquoi, je vous conseille cette approche logique: Comportez-vous avec les autres comme vous aimeriez qu’on se comporte avec vous-même ! Et surtout, souhaitez aux autres ce que vous vous souhaitez à vous-même !  

C'est la Loi de la Réciprocité et si nous ne pouvons pas l’appliquer dans le monde, alors nous ne sommes pas près de résoudre nos problèmes collectifs et personnels.Car nous ne trouverons une solution à la plupart des maux qui assombrissent notre horizon que si nous appliquons cette simple réciprocité qui englobe toutes les autres valeurs que l’humanité a essayé de mettre en place dans la société depuis des siècles et des siècles, à savoir l’égalité, la fraternité, la solidarité, etc...En effet, je ne peux désirer la paix dans le monde et en même temps être en permanence en colère contre les autres, les objets et la Vie en général !

A présent, je reviens à ma première question. Il me semblerait bien surprenant que quelqu’un réponde en toute bonne foi , en son âme et conscience :  “j’aimerais que les autres ne me fassent pas de cadeaux, qu’ils soient durs et intraitables avec moi, qu’ils me détestent, etc...” En effet, je n’ai nul besoin d’être un grand devin pour savoir globalement ce que chacun d’entre vous a répondu en son for intérieur, car nous sommes si semblables au-delà et malgré toutes nos différences, nous désirons tous le meilleur pour nous-mêmes. Et après tout, quoi de plus normal , quoi de plus logique et de plus humain que de désirer être compris, écouté, apprécié, et même aimé ! Soyons sincères envers nous-même et les autres et abandonnons nos postures arrogantes pour avouer à la face du monde entier que nous ne désirons rien de plus que d’être aimé ( et non adulé ou adoré !) soutenu et compris ( et non flatté ou envié ! ). Si nous sommes capables de reconnaître cela et si nous désirons profondément et sincèrement la même chose pour les autres, alors nous aurons fait un très grand pas pour améliorer la situation dans le monde.

Comprenez-vous exactement ce que cela signifie ? Nul besoin  d’actions grandioses ou de déclarations lyriques, simplement prendre une résolution intérieure ( pour laquelle on n’a de compte à rendre à personne d’autre qu’à soi-même! ) : désormais, je désirerai et me comporterai avec les autres comme j’aimerais qu’on le fasse avec moi-même. Certes, j’entends déjà les sceptiques dire que si tout le monde ne fait pas la même chose, certains seront lésés et donc victimes des autres, car ils se retrouveront à être les seuls à vouloir et à appliquer cette Loi de la Réciprocité et tout le reste des gens continuera à adopter  le même comportement égoïste et inconscient qu’avant. La réponse est simple et claire: n’attendez pas les autres pour vous engager, faites le premier pas et vous verrez les autres faire comme vous, montrez l’exemple et les autres vous suivront car ils comprendront tôt ou tard que c’est leur véritable intérêt que d’agir ainsi.

En fin de compte, quel regard portez-vous sur l'être humain en général, car c'est cette vision qui détermine votre attitude à l'égard des autres et de vous-même? N'oubliez pas que souvent vous agissez avec les autres de la même manière que vous agissez avec vous- même. Et comment êtes-vous avec vous-même ou plutôt comment vous a-t-on appris à l'être ? Si nous ne portons pas un regard compréhensif, tolérant et compatissant vis-à-vis de l'homme en général, nous ne règlerons rien de nos problèmes relationnels. Probablement derrière votre "philosophie" de la vie s'accumule tout ce que vous portez en vous de votre environnement culturel, social et personnel. Quelle importance le regard des autres a sur vous et votre attitude générale dans l'existence ? Quelle importance a l'ensemble des préjugés d'une société,  l'ensemble des blocages accumulés siècle après siècle sans que personne, mis à part quelques exceptions, ne remette en question des affirmations devenues vérités générales avec le temps? Notre existence, nos blessures, nos échecs et parfois nos réussites ont petit à petit dessiné un regard probablement désabusé sur la vie et donc sur les autres, car le regard que nous portons sur nous-même ( c'est-à-dire sur les autres,... c'est-à-dire en définitive sur l'être humain) est insuffisant, tronqué, lacunaire et surtout il dépend majoritairement des autres.

Cette perspective sur la Vie renvoie à ce que Neale Donald Walsh appelle “notre  récit culturel”, c’est-à-dire nos croyances générales concernant la vie, le monde, l’homme, Dieu. Selon lui,  notre existence et le monde dans lequel on vit et que nous avons construit  sont basés sur un système de croyances  et si  nous voulons que notre vie et  le monde changent, nous devons changer nos croyances à propos de la vie, de l’homme et de Dieu. Si nous ne changeons pas “notre récit culturel” alors nous continuerons à appliquer les mêmes recettes inefficaces pour répondre aux défis que pose la survie de l’espèce humaine dans les années à venir.

Il nous faut donc examiner et revoir toutes nos croyances héritées de nos ancêtres depuis des milliers d’années concernant l’existence, le monde, l’homme, les relations avec les autres, etc... Ainsi, nous nous sommes persuadés- et l’avons érigé en vérité immuable- que l’homme  est fondamentalement mauvais ( idée prônée, je le rappelle, par des religions qui comptent des milliards d’humains comme fidèles dans le monde ) et, par conséquent, qu’il est un loup pour son semblable, que si Dieu existe il ressemble forcément à un Juge qui punit tous nos manquements à sa Loi. Qu’ il y aura toujours des gens pour profiter des autres, des riches et des pauvres, des forts et des faibles comme il y a des beaux et des laids, des intelligents et des stupides . Notre vision globale est ainsi édifiée sur un regard dualiste réducteur: le “bon” opposé et en lutte perpétuelle avec le “mauvais” . La suite des préjugés est longue et on pourrait en écrire des ouvrages...Bref, pour ma part, je dirai que nous avons adopté une perspective sur l’existence fondamentalement négative et donc destructive, voire suicidaire ( masquée sous un “habillage” conceptuel  rationnel et soi-disant réaliste ) et non une vision positive et constructive qui nous permettrait sans doute de résoudre bon nombre de nos problèmes.

Je suis réellement admiratif devant  la démarche courageuse de Neale Donald Walsh, car pour la première fois de notre histoire sans doute, afin de  changer concrètement et en profondeur les choses, c'est-à-dire pour faire émerger un monde et un homme nouveaux, quelqu'un nous propose ni plus ni moins qu'un dialogue mondial direct sans passer par les intermédiaires habituels ( délégués , élus et "responsables" de toutes sortes ). En effet, il nous invite à revoir ensemble, au moyen de ce qu’il appelle “The global Conversation” (1) ( Conversation avec l’humanité ) , toutes nos croyances, de les remettre en question et de se demander s’il ne serait pas temps d’en finir avec tout ce “méli-mélo”, que je qualifierai de masochiste ( La vie n’est-elle vraiment que souffrance ? (2)). Il nous faudra sans doute sortir des sentiers battus pour renverser toutes nos anciennes croyances et examiner d'autres possibilités, comme l'éventualité  selon laquelle la Vie est un merveilleux terrain d’expériences pour des êtres souverains qui cheminent vers la maîtrise d’eux-mêmes ( perspective enthousiasmante !). Pari sur la Vie, me direz-vous ! Pari pascalien ? Pourquoi pas ? Qu'avons-nous à perdre ? Probablement rien, mais nous avons tout à gagner ( comme dans tous les paris !).

Neale pose 7 questions auxquelles il invite le lecteur à répondre. Sans les citer toutes
( certaines recoupent les questionnements que je formulais dans mes lettres précédentes sur notre véritable identité en tant qu’être humain-seulement humain ?-),  la première d’entre elles m’a frappé par sa pertinence et rejoint mes propres  préoccupations, que je ne cesse de développer sur ce blog: “Comment se fait-il que 6,9 milliards de personnes veuillent toutes la même chose – la paix, le bonheur, l’abondance, les chances, la sécurité et l’amour- et soient singulièrement incapables d’y arriver ?”,  question lancinante à laquelle nous sommes bien forcés de répondre si nous avons le désir sincère de trouver une issue à nos comportements répétitifs et stériles ainsi qu’ à la situation globale de notre monde.

Non seulement je vous invite fortement à lire cet ouvrage ( La tempête avant le calme,
Conversations avec l’humanité , Editions Ariane, Canada, 2012 pour la traduction en français)  et d’autres du même auteur (3), mais de plus je vous exhorte à répondre aux 7 questions et d’abord à la première d’entre elles. Car, c’est une question capitale dont la recherche de la réponse nous obligera à nous transformer et nous conduira peut-être à appliquer la Loi de la Réciprocité dans notre vie “pour le plus grand bien de l’Humanité toute entière” ! (selon la “formule consacrée” de l’Astrologie Transcendantale)

Réciproquement vôtre !...


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     (1) Vous pouvez visiter son site  www.theglobalconversation.com .
(2)  Il est étonnant de voir, sur ce sujet si crucial, combien de grands “maîtres” bouddhistes actuels ont infléchi en le modalisant ( ou en l’actualisant ? ) le message premier du Bouddha ( à savoir la première des Quatre Nobles Vérités ) pour mettre désormais davantage l'accent sur l’Art du  Bonheur en ce qui concerne le Dalaï-Lama ou bien la Pleine Conscience et la Joie d’exister tout en réalisant un vrai “travail dans le monde” pour Thich Nath Hahn , pour ne citer qu’eux. Serait-ce un effet des vents nouveaux qui soufflent sur notre planète, comme l’affirment avec insistance la plupart des porte-parole du New Age ( l’Ere du Verseau )?

(3) Lisez notamment l’incontournable série des Conversations avec Dieu  même et surtout si vous n’êtes pas croyants!
   
   

9.10.2013

Vivre la solitude, le silence et le vide !



Aujourd'hui, je parlerai de trois “aventures” pour mettre en valeur ce qu'elles ont de commun dans l'expérience limite et absolue que vit chacun(e) des protagonistes. Mais aussi, parce que je sais que ce qu'ils ont vécu, ils l'ont fait pour et au nom de tout le genre humain. C'est en cela que leur expérience est exemplaire, instructive, fructueuse et  bénéfique pour nous tous. C'est pourquoi leur aventure me touche et peut vous intéresser.

Trois ouvrages sur la vie d'ermite : deux expériences de voyageurs-écrivains, une "religieuse-spirituelle". Deux cabanes, une grotte . Deux hommes, une femme.

Premier ouvrage: Solitudes australes. Chronique de la cabane retrouvée ( Editions Transboréal, 2012 ) qui raconte l'expérience de David Lefèvre reparti vers la Patagonie qu'il aime (l'île de Chiloë, au Chili) pour nous délivrer un message bien âpre, rugueux, comme peut l'être une vie au grand air, à essayer de subsister, de (sur)vivre au sein d'une nature souvent bien hostile et parfois cruelle envers l'homme.  Récit parfois amer, mordant, voire exaspérant par moments, mais sans concessions pour nous autres hommes vivant dans et par un système de consommation, de gaspillage et de reniements , réflexion méticuleuse, comme peut l'être une vie consacrée "à l'essentiel et au suffisant", selon son expression. "Ici, le monde des artifices s'estompe, écrit-il. On ne peut se mentir."  La personne qui vit une telle expérience se trouve au contact de trois phénomènes essentiels liés l'un à l'autre: la solitude, le silence et le vide !

Deuxième ouvrage, deuxième expérience, mais cette fois-ci racontée par une tierce personne.Un ermitage dans la neige de Vicki Mc Kenzie ( Editions Nil, 2000 pour la version en français ) nous parle de Tendzin Palmö, alias Diane Perry, une anglaise qui, dans les années 1960, va renoncer à tout:  une vie tranquille avec sa mère à Londres,  un mariage prometteur avec un Japonais, pour suivre un appel, une vocation, celle de nonne bouddhiste. Pas n'importe quelle nonne: une nonne ermite, phénomène extrêmement rare. Pendant de nombreuses années, elle vivra seule dans une grotte sommairement aménagée à plus de 4000 mètres d'altitude, tout cela pour suivre les traces des plus secrets des ermites, des moins connues  et pourtant des plus accomplies des yoginis (yogis au féminin) indiennes et tibétaines. Au bout de tous ces sacrifices et de ces renoncements, au bout de cette solitude et de ce vide extrêmes, le retour au milieu de ses semblables pour accomplir le plus difficile: construire un monastère pour moniales au nord de l'Inde afin de permettre l'éclosion d'autres vocations semblables à la sienne. Et surtout bousculer la hiérarchie  de la tradition bouddhiste afin de faire accepter l'égalité des sexes dans ce domaine si particulier qu'est le monde des moines et des moniales. Il a fallu vivre  la solitude, le silence et le vide !

Troisième ouvrage, autre aventure, qui ressemble fort à la première, avec cette différence qu'elle a pour cadre l'hémisphère nord et le plus grand domaine terrestre sauvage du monde : la Sibérie. Dans les forêts de Sibérie ( Editions Gallimard, Collection Folio, 2011 ), Sylvain Tesson  nous explique pourquoi il a choisi de vivre quasiment seul dans une petite cabane au bord du Lac Baïkal,de février à juillet 2010: "L'immobilité m'a apporté ce que le voyage ne m'apportait plus.", écrit-il."J'ai atteint le débarcadère de ma vie. Je vais enfin savoir si j'ai une vie intérieure." Le fait que quelqu'un soit allé jusqu'au bout du froid sibérien pour répondre à cette question montre bien que c'est  cela qui nous obsède nous, êtres humains. Avons-nous une vie intérieure ? Si oui, quelle est-elle ? A quoi ressemble-t-elle ? Alors, il faut affronter  la solitude, le silence et le vide ! 

Trois récits, trois aventures. Bien sûr, les expériences ne sont pas totalement identiques, mais elles procèdent, au départ, d'un même élan: celui de se mettre en retrait du monde pour un certain temps ( Sylvain Tesson et Daniel Lefèvre ) ou pour toujours (Tendzin Palmö ), avec à la clé une transformation profonde de soi. Qu'ont-elles de commun ? Le simple fait d'aller à l'essentiel,  au fond ou au bout de soi-même, au-delà de nos masques et de nos rôles.  Hormis le courage qu'il faut posséder pour aller au bout de ses engagements envers soi-même dans des conditions de vie très spartiates, voire extrêmes, ces trois retraites constituent à n'en pas douter un éloignement et/ou un renoncement partiel ou total au monde et à ses habitudes, ses règles, son bruit , son trop-plein et sa foule...

Qu’est-ce que le silence ? L’absence de bruit, une “plage sonore vide” avec quelques sons bien identifiés qui prennent soudain toute leur valeur. C’est  aussi la volonté de faire taire la voix de l'”ego/mental” ( qu'il s'agit de bien distinguer de ce qu'on appelle “soi” ou “le soi” !), de ses radotages, de ses récriminations, de ses pleurnicheries, de ses marchandages.

Et la solitude ? L'absence d'autres êtres humains ?  On est bien forcé alors de buter contre soi-même... et d’apprendre à dialoguer avec soi-même, à vivre avec soi-même et en soi-même.


Pourquoi parler du vide?  Parce qu’avec ces deux ingrédients que sont le silence et la solitude, il y a de fortes chances de ressentir un certain vide, une absence, lesquels doivent nous faire méditer sur ce qu’est la Vie, le monde et notre rapport à lui, nous-mêmes et les autres, leur absence ainsi que nos rapport à eux. Bref, le vide comme une grande opération de nettoyage et de désintoxication, pour mettre en valeur la simplicité et la sobriété dans nos existences. Le vide ? C'est le grand malentendu  quand on se réfère à  la sagesse bouddhique. Le vide, est-ce le grand trou noir, le rien , le néant , l'obscurité totale , l'absence de quoi que  ce soit ? Dans ce cas, effectivement, le terme a une connotation terrifiante et il ne peut que susciter angoisse, vertige et sueurs froides...Ou bien est-ce ce qui est creux, ce qui ne contient rien, ou plutôt ce qui est absent de toute détermination et de tout contenu ?

Alors, faire le vide, c'est enlever  tout  ce qui, en nous, est inutile et encombrant, ce qui prend trop de place et nous paralyse. Faire le vide...en soi est donc un acte éminemment salutaire et libérateur, pour ne pas dire thérapeutique. C'est alléger notre espace intérieur pour faire de la place. A quoi ? A ce qui est neuf et spontané. C’est être  à l'écoute de qui s'en vient, de l'à-venir.

Pourquoi s'intéresser autant et lire à la suite trois ouvrages racontant trois expériences de solitude, me direz-vous? Je crois que vous avez déjà deviné la réponse: parce qu'ils renvoient à ma propre expérience de personne à la retraite. C'est d'ailleurs pour cette raison que je les ai choisis maintenant comme compagnons de lecture. Oui, je sais , dans nos sociétés policées, fonctionnelles et utilitaristes, prendre sa retraite est presqu'un acte honteux, sociologiquement et psychologiquement parlant, parce qu'il contient un message subliminal: celui d'une personne devenue  désormais impotente, inutile, hors circuit et hors d'usage.  La retraite ? Elle contient ces trois ingrédients: la solitude, le silence et le vide. La solitude qui conduit au silence lequel nous permet de faire connaissance avec le vide, c'est-à-dire avec l'absence. Mais, attention, la retraite n'est pas une défaite ou une débâcle. Ce n'est pas non plus un refuge ou un rejet quelconque. La retraite est  faite pour se recueillir et se recentrer sur soi, comme l'affirme avec sagesse la tradition indienne.

Oui, la solitude est bonne et nécessaire, c’est le temps retrouvé ! Le silence est thérapeutique et revigorant, c’est le temps suspendu . Et le vide est...ce qu'il est: une ouverture, c’est-à-dire le temps aboli !

La solitude, le silence et le vide. Ces trois ingrédients dans nos existences sont précieux et nécessaires , aujourd'hui plus que jamais, sur notre planète. Ils sont ce qui manque à la plus grande partie de l'humanité: ce sont de vrais trésors...à préserver mais surtout à expérimenter. Car, je reste persuadé que nous pouvons tous, qui que nous soyons et où que nous soyons, vivre chaque jour  ne serait-ce qu'un petit instant de grâce et de sérénité, de silence et de joie...grâce à la solitude, au silence et au vide.

Bien fraternellement, compagnes et compagnons de voyage...




11.07.2013

L'Eternel féminin

Ce sujet est en quelque sorte un prolongement du thème que j'ai évoqué dans ma précédente lettre sur les minorités, parce que dans une grande partie du monde actuel l'aspect féminin reste encore "minoré" et "négligé". Ainsi, lorsque j'utilise l'expression l'Eternel féminin, je ne parle pas des êtres humains qui "portent un vêtement physique de femme", mais d'une énergie qui véhicule un certain nombre de valeurs, qui possède une fonction spécifique dans ce monde de la manifestation et de l'incarnation.

Je tiens à affirmer tout de suite que très peu de femmes actuellement au pouvoir (ou qui l'ont été dans les dizaines d'années précédentes ) incarnent les valeurs féminines réelles: pour moi, elles ne font que reprendre les valeurs masculines existantes et les poussent même parfois à l'extrême pour ne pas dire jusqu'à la caricature ! Vous souvenez-vous de Margaret Thatcher surnommée "la Dame de Fer" ( no comment !) et
de ses accents guerriers pour aller "reconquérir" les Malouines ? Des femmes au pouvoir, certes,  mais pour appliquer des politiques masculines. D'ailleurs, le concept même de pouvoir est masculin et il faudrait sans doute inventer un nouveau terme pour désigner un nouveau type de gouvernance qui ne serait pas l'exercice du pouvoir mais la "gestion" ou la "guidance" de la collectivité! Où est le Féminin aujourd'hui dans notre monde occidental qui se targue d'être moderne, ouvert, libéral, "démocratique" ? Où sont l'harmonie, la beauté, la paix et la compassion sur notre Terre ? Sans doute y a-t-il ici et là quelques tentatives pour infléchir cette situation générale, comme le récent concept de "Care" initié aux Etats-Unis et repris par ailleurs par Martine Aubry dans ses thèmes de campagne pour la primaire socialiste . Malheureusement, le Masculin lui-même est détourné et caricaturé : le courage et l'héroïsme n'ont rien à voir avec la brutalité et la violence qui se manifestent actuellement un peu partout dans le monde .

On pourrait me faire le reproche d'écrire à la place des "intéressées" ! Ce serait pourtant une erreur, car ce dont je veux parler peut être vécu et ressenti par un être humain du sexe masculin  autant que du sexe féminin ou d'un transsexuel, puisque ce qui m'intéresse ici c'est le Féminin ou l'Eternel féminin ( expression que certains trouveront peut-être emphatique, mais que je suis heureux de ne pas être le seul à employer! * ) Qu'entends-je par là ? Une énergie fondamentale, un pôle de l'Energie Première qui s'est scindée en deux ... pour mieux se réunifier...en toute conscience ! Le Féminin c'est donc une Energie, l'expression d'une Energie cosmique. Elle a  un sens, une fonction, une valeur, au même titre que  l'Energie masculine.

Ce n'est un mystère pour personne ( sauf pour les inconscients ou les gens de mauvaise foi ) que l'Energie féminine a été occultée, marginalisée ou asservie  depuis des siècles, voire des millénaires, dans notre "jeune et nouvelle civilisation" que Thom Hartmann qualifie de prédatrice et qui est typiquement, voire caricaturalement masculine, contrairement aux "anciennes cultures" porteuses de valeurs féminines à travers leur respect et leur amour pour la Terre-Mère ( la Pachamama des Amérindiens et la Gaïa des Grecs !)
La "jeune et nouvelle civilisation" dont je parle trouve son expression culminante dans la société de consommation moderne et technologique qui s'impose un peu partout dans le monde, que ce soit en Occident ou en Orient, au Nord comme au Sud, gommant petit à petit les cultures locales ici et là et uniformisant les manières de vivre et les visions de l'existence. Cette "nouvelle civilisation mondialisée" qui cherche à mener le monde s'exprime et s'est exprimée notamment à travers des religions institutionnalisées, comme les trois principaux monothéismes que nous connaissons en Occident . Que ce soit le Judaïsme, le Christianisme ou l'Islam, ces religions sont profondément sexistes, masculines, pour ne pas dire "machistes" ! Elles constituent, n'en doutons point, le socle culturel et psycho-mental du type de civilisation moderne et dominateur de notre époque !

Ainsi, toute trace de féminité ou du Féminin  a été sciemment gommé des grands récits "religieux" qui ont fondé  le Christianisme. Où sont passé(e)s  les "Madeleines" , les "Marie-Madeleines" de la grande aventure de Jésus de Nazareth ? Effacées, bâillonnées, pour que s'installe le discours officiel triomphant et impérial
( puis impérialiste ) du Christianisme institutionnalisé, comme nous le révèle Claire Heartsong  dans ses deux étonnants ouvrages (1) consacrés à une Initiée d'un très haut niveau, Anna, qui n'est autre que la mère de celle qui restera dans l'histoire comme la Vierge Marie et en même temps la grand-mère de  celui qu'on appellera plus tard sous le vocable morbide de "Crucifié" !

Parallèlement à cela, il est étrange de constater comment ont été écartés de l'histoire officielle de l'Occident le rôle et l'importance de trois grands courants authentiquement spirituels que sont la Tradition Egyptienne, la Tradition Essénienne et la Tradition Druidique/Celtique, dans lesquels la femme tient un rôle éminent!  Est-ce un hasard ou est-ce une "conspiration du silence" comme on en connaît dans d'autres domaines ? En dehors de ces trois monothéismes qui couvrent malgré tout une aire géographique importante ( l'Europe, les
Amériques, une partie de l'Asie et de l'Afrique ) et qui ont influencé en profondeur les pays concernés, même s'il y a eu une synthèse des religions et croyances premières et des religions colonisatrices, il serait malhonnête de ne pas signaler une immense et ancienne civilisation ainsi qu'une religion non-monothéiste et pluri-millénaire: l'Inde et l'Hindouisme, une réalité bien vivante, comme nous le précise Jacques Vigne dans son remarquable ouvrage (2) : "Il est un pays où la Déesse-Mère, sous toutes ses innombrables formes, se trouve encore respectée, priée, fêtée avec ferveur à nulle autre pareille: l'Inde." Plus loin, il ajoute:
"Il y a besoin d'une vision féminine  du monde, c'est-à-dire holistique, pour équilibrer la conception séparatiste, scientifique, technologique et masculine qui voudrait souvent se présenter comme la seule autorisée.", ce à quoi je souscris totalement ! On pourrait mentionner également le très peu connu et cependant remarquablement profond courant spirituel qu'on appelle le shivaïsme tantrique cachemirien ( une forme plus tardive de l'Hindouisme), selon lequel la femme a un rôle d'initiatrice auprès de l'homme afin qu'il retrouve son rôle spirituel dans le monde  (3).

Pour ces grandes spiritualités que je viens de nommer, la place et le rôle des femmes sont éminents, car celles-ci sont  reliées à la Déesse-Mère, la Grande Energie Féminine, qui est le pendant de ce que Jésus de Nazareth appelait  "mon Père", tout comme la Shakti l'est vis-à-vis de Shiva pour le shivaïsme tantrique, une forme tardive de l'Hindouïsme, et le Bouddhisme du Vajrayana ! Ainsi, les femmes "initiées" de ces époques-là incarnaient l'Energie Féminine Fondamentale et l'exprimaient dans leur vie et leurs activités quotidiennes. La guérisseuse du Moyen-Age ou la connaisseuse des plantes médicinales calomniées et caricaturées en sorcières, participent de ce modèle, où la femme a un rôle essentiel et sacré, celui de soigner ses semblables! Aujourd'hui, nous devrions donc parler de Dieu-Père/Mère, car il est indispensable pour l'équilibre de notre monde que l'être humain, cet intermédiaire entre Ciel et Terre, se relie aux deux Energies! 

Sans vouloir entrer dans le débat plus que passionnel et presque hystérique de ce qui fait l'actualité "sociétale" de la France d'aujourd'hui concernant le mariage pour tous, il me semble pour le moins étrange qu'on puisse haïr à ce point des personnes qui veulent s'unir et s'aimer !...En vertu de quel interdit céleste, religieux ou moral on empêcherait deux êtres de signer un contrat devant la société pour dire leur désir profond de vivre ensemble en harmonie et dans la plus grande légitimité ? Parce qu'ils sont du même sexe ou qu'ils ont changé de sexe ? Mais, on a bien compris que le sexe physique est un vêtement , une simple forme qu'emprunte un être pour exprimer tour à tour tel ou tel aspect de l'incarnation terrestre, telle ou telle valeur de la Vie. C'est pourquoi, dans cette perspective, je trouve  particulièrement bénéfique l'approche astrologique (4), à condition qu'elle ne conduise pas à une autre forme de conformisme, où les rôles ( les caractéristiques ) sont définis une fois pour toutes, sans possibilités de transformation, d'évolution, car, d'une part, elle dédramatise les perspectives et les discussions, d'autre part, elle nous aide, en les relativisant, à nous désidentifier  des caractéristiques de notre être incarné, à savoir du corps physique sexué, de la personnalité et de ce qu'on appelle l'identité psycho-mentale.

Alors, quelles sont ces valeurs dites féminines et celles dites masculines ? Si l'on fait une liste sommaire des premières ( compassion, paix, harmonie, beauté, sens pratique,...) et des secondes ( protection, courage, héroïsme, idéalisme,...) on se rendra vite compte que les premières font  cruellement défaut dans nos sociétés modernes et urbaines actuelles et que les secondes se retrouvent ainsi complètement diminuées, déformées... Ainsi, je pense que pour équilibrer les forces qui dirigent le monde et qui répondent aux énergies cosmiques fondamentales, il faudrait plus de féminité pour empêcher les guerres, la torture sous toutes ses formes, pour répondre de façon minimale partout sur la planète aux besoins essentiels et vitaux de tous les êtres humains sans exception, à savoir le "gîte et le couvert", la santé, l'éducation et la possibilité d'exprimer ses capacités et ses dons pour le plus grand bien de la collectivité et en fin de compte de l'humanité toute entière. Dans cette perspective, il faudrait  bien plus de féminité dans la gestion du quotidien et dans les affaires de la cité.

Pour conclure, je réaffirme  que le Féminin n'appartient pas aux seules femmes, il est un constituant essentiel de l'être humain et donc aussi de l'homme. Le nombre de femmes masculines et d'hommes féminins montre bien que les choses ne sont pas aussi simples et tranchées que nous voudrions le croire ! Réhabiliter le Féminin dans le monde ou demander que le Féminin puisse s'exprimer dans sa dimension cosmique est aujourd'hui aussi vital pour les femmes que pour les hommes, car c'est ce rééquilibrage qui peut nous aider à faire basculer le courant de l'histoire dans le sens d'une plus grande protection de la Terre et de l'environnement et d'une plus grande prise de conscience de la dimension spirituelle de l'être humain, afin de passer à une autre page de l'histoire de l'humanité !

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*  En effet, le psychiatre et grand connaisseur de l'Inde, Jacques Vigne, dans son remarquable ouvrage
    L'Inde intérieure 2007, Les Editions du Relié, parle de "l'éternel féminin" ainsi que de "l'éternel        masculin" ( p.66)

(1) Anna, grand-mère de Jésus, Claire Heartsong, 2009, Ariane Editions, Québec, Canada.
     Anna, la voix des Madeleines, Claire Heartsong en cocréation avec Catherine Ann Clemett, 2010,
     Ariane Editions, Québec, Canada.

(2) Ouvrage cité en note *.

(3) Sur le sujet, lire les ouvrages très clairs de Daniel Ogier, spécialiste de ce courant, car formé par une    grande initiée, son maître cachemirien, la yoginî Lalitâ Devi.
     Désirs, passions et spiritualité  et  Tantra, 1999, Editions JC Lattès, Collection Pocket.

(4) A ce propos, l'approche astrologique que je considère comme ayant la vision spirituelle la plus profonde et la plus vaste est  L'Astrologie Transcendantale  transmise par Jean de Larche ! Si l'on veut comprendre un peu ce que j'entends par la  fonction cosmique et universelle de la Féminité , il n'est pas inutile de lire ou de relire les ouvrages novateurs que cet astrologue a écrits sur deux "planètes" féminines et "maîtresses" de deux signes astrologiques ( le Taureau et la Vierge, qui sont deux signes de terre ! ), par ailleurs déesses du panthéon grec !
    Cérès, 2009, Editions  www.Lulu.com.
    Koré,  2012, Editions  www.Lulu.com.

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Et pour finir, écoutons la célèbre chanson de Bob Marley No woman no cry ( "Non, femme, ne pleure pas!") qui devient ici encore plus émouvante avec les sonorités cristallines de la voix de Joan Baez !



                                                        


25.06.2013

Retour à soi : de l'état de "zombi" à la pleine conscience...

Pourquoi revenir sur la lettre du 30 mars dernier ? Plutôt que de faire feu de tout bois et de se lancer
à corps perdu dans des actions extérieures afin de remédier à ceci ou à cela , plutôt que de protester contre tel ou tel événement, soyons persuadés que le meilleur moyen d'améliorer les choses sur cette planète et dans le petit coin de terre où nous vivons est d'effectuer un travail sur nous-mêmes. Notre propre transformation intérieure aura bien plus d'efficacité et de répercussions que n'importe quelle action collective en vue de rectifier telle ou telle réalité de notre monde. Car, nous voyons bien que face à la résistance des forces de conservation et d'immobilisme, face au formidable pouvoir du statu quo , face à la force d'inertie d'une grande partie des gens, nous ne pouvons qu'accepter avec humilité que la "matière" ne se laisse pas transformer aussi facilement que nous l'aimerions. Admettons que si nous pouvons changer quelque chose  c'est d'abord et légitimement sur nous-mêmes: Alors, travaillons à nous connaître nous-mêmes par le retour à soi.

Retour à soi ?  Loin d'être un repli sur soi , c'est un travail personnel sur soi  indispensable si l'on désire
un tant soit peu vivre de manière consciente et responsable. Avant de chercher à nous "éveiller" ( comme les Bouddhistes nous le proposent à  juste raison ! ), nous devrions d'abord nous réveiller. De quoi ? De l'état habituel de torpeur ou de léthargie dans lequel nous nous trouvons ainsi que la plus grande partie de l'humanité, de l'état de veille ensommeillé et prétendument conscient dans lequel nous vivons notre existence . Nous vaquons à nos activités quotidiennes dans la plus parfaite "inconscience", nous laissant guider par une sorte de "pilote automatique" qui a pris les commandes de notre destinée!

Et nous poursuivons  notre journée ainsi à travers les moments rythmés de notre existence et les  petits présents qui se répètent et que nous méprisons pour leur insignifiance, préférant nous réserver pour des événements soi-disant plus importants ou plus grandioses.Et nous perpétuons notre existence en enfilant les jours les uns après les autres, les années les unes après les autres, persuadés de courir après l'indispensable alors que nous laissons filer l'essentiel ! Bref, nous vivons la plupart du temps comme des "zombis" ou des automates.

Or, si nous voulons changer quelque chose dans le monde et en nous-mêmes, nous devons admettre qu'il nous faut changer notre manière d'être, de faire, de vivre et de voir. Il n'y a qu'une seule façon, nous disent les traditions spirituelles les plus fiables, c'est de devenir conscients, pleinement conscients de tout dans notre vie, pas seulement de ce qui nous entoure, mais surtout et d'abord de ce qui nous constitue en tant qu'êtres "uniques" pensants et ressentants . Et ce travail commence tout naturellement par le corps, continue par les sensations, les émotions et  finit par les pensées. Ah! ces pensées qui s'introduisent en nous à notre insu, sans prévenir et qui nous manipulent la plupart du temps !

La pleine conscience ? C'est ce petit retrait, ce pas de côté que l'on effectue par rapport à tout ce que nous vivons et ce que nous sommes. Observons-nous patiemment et sans jugement ! Même et surtout pour les actes , les gestes, les mouvements de notre psyché les plus banals et les plus routiniers ! Au début, c'est  un peu difficile, voire énervant ! Comme si on s'espionnait soi-même ?  Non, ce n'est pas cela, c'est un comportement plus paisible, plus léger, plus doux, plus obstiné...qui se met en place petit à petit  à chaque moment que nous habitons !

Lisez ou relisez tous ceux qui en parlent par expérience et avec persuasion : Thich Nath Hahn (1) et tant d'autres, comme Eckart Tolle ou le Professeur Jon Kabat-Zinn (2) qui a adapté la méditation bouddhiste pour la rendre accessible aux Occidentaux, méthode désormais reconnue et appliquée dans de nombreux hôpitaux et cliniques du monde entier ! 

Le retour à soi , c'est aussi un rappel de soi, c'est-à-dire le fait de se souvenir qui nous sommes vraiment et de ne pas nous laisser endormir par ceux qui voudraient nous faire croire que nous ne sommes qu'une "machine animale dotée d'un cerveau"  et arrivée par hasard sur cette planète perdue  dans un coin de cet immense cosmos, ce grand vide effrayant des espaces infinis, dont nous parlait Pascal ! Le rappel de soi, c'est l'acte de se retourner vers soi pour se voir vraiment tels que nous sommes , nus, désarmés, ayant abandonné nos oripeaux, masques et talismans de toutes sortes. A votre avis, pourquoi les "saddhus" de l'Inde se promènent-ils tout nus  ou avec un simple pagne comme seul "vêtement"? Pour montrer leur nudité ou leur désir de nudité, c'est-à-dire de transparence et d'acceptation que nous ne "possédons" dans l'existence qu'une chose: notre être profond et véritable, lequel sera ainsi la seule quête possible et réaliste !...

Pour cela, il nous faut développer tout d'abord une présence à nous-mêmes de tous les instants
( comme je le rappelais déjà dans ma lettre Ici et maintenant ) grâce notamment à des méditations formelles, qui pourront nous aider à poursuivre cette "activité" durant toute la journée en pratiquant en permanence et autant que faire se peut des rappels de soi ( que certaines religions ont formalisés et institutionnalisés à travers notamment l'appel à la prière dans l'Islam par exemple, les sons de cloche de l'église du village ou des rituels bouddhistes!...)  Ce rappel signifie : "Réveillez-vous ! ", "Ne dormez pas !", "Vivez votre vie pleinement et consciemment !"

Que vivons-nous ? Un moment de joie ? Alors prenons pleinement conscience de ce que cette émotion déclenche en nous comme réactions de toutes sortes: physiques psychiques et  mentales. Une réaction de colère ? Pourquoi s'est-elle déclenchée ? Comment ? Quelle formes prend-elle ? Quels effets a-t-elle sur tout notre être ? Observer et ne pas juger, voilà le plus difficile ! Braquons le projecteur de notre conscience sur tous les mouvements de notre être durant tous ces instants que nous considérons comme insignifiants car c'est dans cette insignifiance même que se trouve la clé. Devenons vivants, encore plus vivants, ce qui signifie conscients, encore plus conscients de tout ce qui nous anime .

Un jour, un voleur alla voir le grand philosophe indien Nâgârjuna en le suppliant de lui enseigner le Dharma, la voie bouddhiste vers l'Eveil. Il se plaignait qu'aucun "maître" ne l'acceptait comme élève, car, disait-il, ils posaient tous comme préalable qu'il cesse ses activités immorales. "Mais, comment est-ce possible ? C'est plus fort que moi et puis c'est ainsi que je gagne ma vie !"  Nâgârjuna, très calme et placide, lui répondit qu'il acceptait volontiers de lui enseigner le Dharma à la seule condition de pratiquer la pleine conscience, c'est-à-dire de prêter une extrême attention à tout ce qu'il faisait et surtout quand il volait !
L'homme n'en croyait pas ses oreilles ! "Ainsi, je pourrai continuer mes activités comme avant ?" "Oui, bien sûr, mais n'oublie pas ma condition !" Le "pauvre" voleur n'avait pas compris qu'il s'était fait piéger  par le plus célèbre dialecticien de l'époque. En  effet, quelques jours plus tard, le voleur revint irrité. "C'est terrible, ce que vous me demandez, car quand j'essaye de voler et d'être conscient en même temps, je ne peux pas
voler! " Nâgârjuna lui dit simplement : "Maintenant, tu as le choix: soit tu continues à voler, soit tu pratiques
la pleine conscience ." Le voleur devint l'un des meilleurs et des plus fidèles disciples de celui qu'on appelait à juste titre "Le Prince des Serpents" !


Appliquer la pleine conscience dans notre existence quotidienne a pour effet de "démêler les noeuds" qui se sont formés tout au long de notre vie, de reconnaître nos failles, nos erreurs, nos faiblesses, nos forces, nos désirs et nos rêves, mais surtout de prendre conscience de tout un univers occulté par nos automatismes et nos raideurs, bref de prendre connaissance de  notre propre réalité intérieure. La pleine conscience nous transforme petit à petit et elle le fait en profondeur et de manière permanente. Sans doute serons-nous bien surpris de ce que nous découvrirons ! Ce sera ainsi le début d'une pacifique reconquête de notre souveraineté et peut-être le premier chapitre d'une autre époque de l'histoire de l'humanité et de cette Terre que certains appellent aussi Gaïa !


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(1) Le miracle de la pleine conscience. Editions J'ai lu.
 
(2) L'éveil des sens / Vivre l'instant présent grâce à la pleine conscience ( Editions des Arènes, 2009, pour la traduction française, Collection Pocket Evolution )

24.05.2013

Hommage à toutes les "minorités" du monde: éloge de la diversité .



 
Qui ne connaît pas la tragique et déplorable histoire des Cathares, ceux qu'on appelle aussi les "Parfaits" ou les "Purs", ces Chrétiens "dissidents et manichéens" du Languedoc, massacrés, durant la première moitié du XIIIème siècle, par la brutale armée des barons du Nord pour des motifs plus que douteux? Mise au pas d'une civilisation occitane un peu trop "évoluée" et "libre" pour les critères politico-religieux de l'époque ? La chanson de Francis Cabrel  Les chevaliers cathares évoque cet épisode sanglant (il y en aura d'autres ! ) et peu "glorieux" de l'histoire de France!...

Quel que soit le lieu, quel que soit le temps, il y eut dans l'histoire de cette belle planète Terre que nous habitons des injustices, des persécutions, des déportations, des massacres, des génocides, des volontés délibérées de rayer l'autre de la carte du monde (ce "refus de partager la terre avec les autres peuples" dont parlait Hannah Arendt )... Il y a partout ce que j'appellerai de manière générique "les derniers Mohicans" en mémoire de ce peuple "premier" d'Amérique du Nord si bien dépeint dans les romans de Chateaubriand. J'ai déjà mentionné le peuple "Ubuh" du Caucase, d'où était originaire mon beau-père. Ce ne sont pas les seuls, il y en a bien d'autres qui sont oubliés et même pas mentionnés dans les livres d'histoire officielle destinés à édifier les jeunes cerveaux . C'est à eux que je dédie cette lettre, à tous ceux qui par le monde ont souffert en silence et sont tombés dans les oubliettes du temps...

Pour comprendre ce phénomène, il nous faut revenir à  la thèse des "jeunes cultures" prédatrices et "colonisatrices", que je présentais dans ma lettre intitulée "Les dernières heures du soleil ancestral", titre de l'ouvrage incontournable de Thom Hartmann. Ces cultures (qui ne se réduisent pas aux seules puissances coloniales connues !) ont développé une mentalité et un comportement d'intolérance et de destruction des autres cultures.

Il ne s'agit pas ici de faire de  la "victimisation" de certains  peuples, cultures ou communautés  un nouveau "cheval de bataille", afin de demander une quelconque réparation ou de réclamer justice pour toutes les victimes de l'histoire de cette planète ( la liste serait tellement longue!). Mais, le  temps est venu de méditer sur la cause de tous ces actes qui, pour beaucoup d'entre nous, semblent  aujourd'hui  "barbares" et "primitifs". En cela, des ouvrages comme celui de Thom Hartmann nous aident à comprendre  combien, de tous temps et pas seulement de nos jours, la pensée unique majoritaire et "orthodoxe"  est néfaste dans la mesure ou elle nie l'éventualité même de l'altérité. Elle refuse a priori  la notion et l'existence de la diversité .Or, que serait le monde sans la formidable diversité biologique qui fait la richesse de notre belle planète bleue ? Force nous est de constater que des cultures et des peuples sont en voie de disparition, des manières de penser et de vivre également, des espèces animales et végétales sont en voie d'extinction !
Est-ce si inévitable que cela ?

A notre époque dite "libérale", on observe étrangement une absence de tolérance pour ce qui ne se soumet pas à la tendance normative et nivelante, accompagnée d'une sorte d'individualisme nombriliste qui rejette l'autre parce qu'il est différent ( dans ses goûts, opinions ou  manières d'être et de vivre ) ou qu'il ne correspond pas aux canons de la "mode" ou de la "norme". Il nous faut aujourd'hui accepter que chacun(e) puisse avoir son propre chemin à lui/elle, sa propre façon d'être et d'évoluer dans le respect mutuel des autres. Puisque tout le monde (de quelque bord politique ou philosophique qu'il soit ) parle de liberté et la brandit comme un étendard, cette liberté essentielle d'être différent doit être absolument préservée sous peine de détruire ce qui fait notre richesse et notre vitalité en tant qu'espèce vivante!

Sommes-nous satisfaits d'aller à l'autre bout du monde pour retrouver les mêmes comportements stéréotypés, les mêmes nourritures ?  Tout ceci a pour seul résultat de nous rendre blasés et fatigués de tout. Nos facultés de curiosité et d'étonnement se sont  grandement émoussées .Et nous développons une sorte de dépression collective et individuelle généralisée qui ne peut mener qu'à des actes de désespoir et de rejet pour la simple raison que nous n'en comprenons pas la cause .

Pour  apporter une réponse à ce comportement à la fois moutonnier et destructeur,  il me semble plus judicieux et plus constructif de mettre en valeur ce que certaines minorités ou cultures peuvent nous apporter et en quoi elles élargissent notre vision du monde trop étroite et enrichissent notre univers quotidien bien trop souvent fait de gestes routiniers, de moments répétitifs et de paysages trop connus !

Avez-vous entendu parler des Bichnoïs en Inde ? C'est un petit peuple extrêmement respectueux de la vie et de son environnement: Certes, ils n'ont pas tout le confort de nos sociétés "obèses", mais ils nous apprennent comment on peut vivre en paix avec si peu de choses, avec juste assez de considération et d'amour pour tout ce qui vit ! Que dire des peuples amazoniens envahis par cette même culture majoritaire et dominatrice et qui ont maintenu une telle unité et harmonie avec la nature environnante et la Terre-Mère qu'il font désormais l'objet d'une "cour" intéressée pour leurs formidables connaissances pharmacologiques des plantes endémiques ?

Il est vraiment temps de (re)connaître ce que tous les peuples premiers et autochtones ont apporté à notre planète et à l'humanité ! Le patrimoine universel ne se mesure pas seulement en termes de bâtiments grandioses ou de projets gigantesques mais aussi en valeurs humaines irremplaçables: celles de sagesse, de tolérance, d'harmonie et d'amour pour le vivant !

Si j'avais un slogan à écrire, ce serait cette simple phrase :  Ce(lui) qui ne me ressemble pas m'enrichit !

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Les  Cadiens, vous connaissez ? Ce sont les Acadiens francophones qui ont été déportés par les
Anglais pendant le fameux "Grand Dérangement" au XVIIème siècle et qui se sont installés principalement en Louisiane. Il leur reste de jolies chansons bien poétiques et proches de la nature, sauvegardées et chantées par l'un de leurs meilleurs troubadours : Zachary Richard !






19.05.2013

Pour une médecine holistique, intuitive et compatissante ...

 De quelle manière commence un  contact entre 2 personnes ? Tout le monde le sait et le fait de manière automatique, souvent sans attendre de réponse précise, comme un rituel  habituel : "Comment allez-vous ?"
En d'autres termes, "Etes-vous en bonne santé ?" Et, comme on le dit souvent de façon triviale : "Quand la santé va , tout va !" Qui n'a pas eu une rage de dents ne peut pas comprendre à quel point les maux ( et a fortiori les douleurs ) physiques déterminent notre existence et pas seulement notre humeur ! Car, comme le disent tous les sages et tous les enseignants de méditation, tout commence par le corps ! Pour accéder à  d'autres niveaux de l'être, il nous faut d'abord donner à l'organisme physique un minimum d'harmonie et de "confort", il faut (bien) s'occuper de lui.
 
La médecine est un domaine qui concerne tout le monde, à l'instar d'autres domaines comme  l'éducation , car nul  d'entre nous ne peut se soustraire aux aléas de l'existence, aux maladies ou à la dégénérescence inévitable ( pour le moment ? ) du corps humain. C'est pourquoi, les soins ou les thérapies, quels qu'ils soient, devraient faire l'objet d'un vrai dialogue entre les patients et les thérapeutes !

Je voudrais raconter une "mésaventure" très banale que  l'on peut vivre quand on a besoin de soins.
Vous vous rendez compte un jour que votre genou a gonflé et vous vous rappelez qu'il y a quelques jours  les muscles de votre jambe droite et l'articulation étaient douloureux. Que se passe-t-il donc ? En 63 ans d'existence, vous n'avez jamais eu de problème particulier dans cette partie de votre corps. Alors, quelle meilleure adresse qu'un hôpital  pour répondre à votre problème ? Un médecin urgentiste vous examine 5 minutes et vous envoie faire une radio du genou ainsi qu'une prise de sang. Vous demandez au docteur ce qui a pu causer ce souci et vous n'avez aucune réponse précise, sinon une pommade et un anti-inflammatoire. Bien. C'est tout ? Un genou gonflé, ce n'est rien mais on aimerait comprendre pourquoi, ce qui a pu se passer . Et, soudain, une image vient attirer votre attention: l'autre jour, en sortant de la mer, vous vous êtes tordu la jambe sur un gros caillou, mais , comme d'habitude, sur le moment, vous n'avez pas porté attention à cet incident: Et vous vous dites: ça doit être une sorte d'entorse.
Deux jours après, vous retournez au même hôpital pour, vous dit-on, un "contrôle" fait cette fois-ci par un spécialiste ( un orthopédiste ). Et que vous dit ce monsieur qui n'a pas passé plus de 5 minutes avec vous ?
Que, d'après la radio, vous avez une "érosion" des os au niveau du genou. Ça doit être l'âge, de l'arthrose
probablement ! C'est tout ? "Ne faites pas trop d'efforts, ne montez pas trop d'escaliers, ne forcez pas !", conseille-t-il . "Bref, tenez-vous tranquille! Au-revoir !" Mais, qu'est-ce que j'ai exactement ? Et, que dois-je faire maintenant ? Je sors de la consultation, ébahi par le manque de considération pour le patient.

J'ai choisi  délibérément un problème bénin, tout en sachant fort bien ce que peuvent ressentir ceux qui sont dans une situation autrement plus dramatique et douloureuse... A votre avis, que demandent les gens qui vont consulter des "spécialistes de la santé" ? D'abord, un peu d'attention à leur situation. Ensuite, un peu d'humanité, car le malade se trouve toujours dans une situation dévalorisante, il se sent diminué et même coupable d'être malade ! Et puis un symptôme précis renvoie peut-être à un autre problème ou à une autre région du corps ! Bref, "un train en cache souvent un autre" dans ce domaine si complexe qu'est l'organisme humain et son fonctionnement.

C'est pourquoi, je considère que la médecine d'aujourd'hui, moderne et "scientifique", qui est l'apanage de la culture "occidentale" est incomplète et ne répond pas suffisamment au besoin de comprendre des hommes du XXIème siècle. Rappelez-vous que la "science moderne" est née de la méthode expérimentale définie par Claude Bernard, l'un des fondateurs de la médecine moderne, laquelle règne à l'heure actuelle dans tous les pays, considérant les médecines autochtones traditionnelles comme des superstitions ou des pratiques magiques dépassées. Il y a, selon moi, trois raisons principales à cette insuffisance : la méthode sur laquelle elle fonde sa démarche, la vision  de l 'être humain qui en découle,  enfin, l'attitude  vis-à-vis des patients.

La méthode scientifique repose sur la démarche suivante: on observe des phénomènes, c'est-à-dire des événements ou des manifestations extérieures, visibles, et à partir de ces dernières on essaye de trouver ce qu'il y a derrière les symptômes. Mais, le plus souvent, ce qu'on observe est  l'aboutissement d'un long et complexe processus qui ne nous montre pas nécessairement ce qui en est à l'origine, car le processus lui-même "brouille" les pistes. On est obligé de fabriquer des hypothèses pour essayer de trouver une explication plausible. Pour moi, c'est prendre le problème à l'envers . Appliquée aux manifestations du corps humain, cette méthode se résume à  "chercher une aiguille dans une botte de foin ". Alors, on soigne le symptôme et on en oublie la cause, la source, l'origine qui elle seule peut nous indiquer la bonne thérapie, le soin adapté..

La vision qu'elle offre de l'être humain est , par définition, mécanique. celui-ci se résume à un organisme, dont il faut connaître les pièces, c'est-à-dire les composants, afin d'être en mesure de les remplacer, à défaut de les soigner ou d'en améliorer le fonctionnement. Où sont les niveaux  émotionnel , psychologique , mental, spirituel ? Cette vision "matérialiste" (et parfois mercantile) détermine par voie de conséquence une attitude "mécanique" vis-à-vis des patients réduits à l'état de "machines animées" . Cette attitude se traduit par une approche dure, froide, coupée de tout sentiment et donc de toute empathie.

C'est pourquoi, des gens qui ne sont pas satisfaits des réponses apportées par la médecine conventionnelle et par le gavage de médicaments qui en découle bien souvent, se tournent vers des approches "alternatives", espérant obtenir une meilleure réponse et en tout cas un meilleur traitement. Car, on ne peut pas nier qu'un certain nombre de maux , de symptômes , de maladies sont réfractaires aux soins classiques prodigués. Pourquoi ? Pour les raisons que j'ai évoquées plus haut: un problème de santé ne montre pas nécessairement le lieu et la manière dont il faut le traiter. Des douleurs chroniques et inexpliquées  renvoient parfois à des raisons bien surprenantes, qui ne seront pas celles auxquelles un médecin formé de manière classique est habitué.On peut évoquer, par exemple, un traumatisme lié à une vie antérieure. Mais, un médecin formé à la Faculté peut-il accepter et même comprendre une telle vision ?

Les maux dits psycho-somatiques sont certes aujourd'hui acceptés de manière intellectuelle comme faisant partie d'une réaction normale du corps face à des situations de stress émotionnel et psychologique, mais, une fois dans le cabinet du praticien ou dans l'enceinte d'un établissement hospitalier, que reste-t-il de cette ouverture d'esprit dans les pratiques de soins?

Est-ce à dire que les médecines alternatives doivent remplacer la médecine conventionnelle ? Non, car ce serait injuste et nier tout ce qu'elle a apporté en termes de progrès au niveau de l'investigation, des soins et du confort apporté aux patients. Qui nierait aujourd'hui les bienfaits que représentent les implants en dentisterie, les greffes d'organes ( même s'il reste à résoudre le phénomène du rejet ) et bien d'autres choses encore ? Mais justement, il s'agit de faire émerger une médecine plus complète, plus globale, plus humaniste, qui soit fondée sur une autre vision de l'homme. Dans certaines situations, la médecine moderne est la mieux placée: traumatismes ayant une origine clairement physique ( cassures, brûlures, défections d'organes,...); dans d'autres cas, elle semble impuissante ( maux chroniques ou dont la cause n'est pas identifiée ); dans un troisième cas de figure, une collaboration entre une médecine classique et une approche alternative adéquate peut donner d'excellents résultats. Je pense notamment aux cancers qui impliquent de se référer à l'aspect psycho-mental et spirituel du patient.

Alors, dans ce panorama quelle place et quelle utilité  ont les "guérisseurs" qui ne sont pas des personnes officiellement habilitées pour soigner leurs semblables? D'abord, ils nous obligent à envisager l'aspect invisible de ce qui constitue un être humain, à savoir tout un réseau d'énergies qui sont liées elles-mêmes à des émotions ou des pensées. Ensuite, ils font appel à des facultés humaines rejetées ou atrophiées telles que l'intuition ( qui n'est pas "scientifique" ! ), laquelle  nous fait gagner un temps précieux.

Avez-vous entendu parler de Louise Hay ? Lisez son livre-clé Transformez votre vie ( Collection Marabout, 1987 pour la traduction française ) et vous élargirez votre perspective sur ce que signifient les maladies qui nous arrivent (ou peut-être que nous créons par nos pensées ! ) Vous ne connaissez pas Barbara Ann Brennan. Vous pouvez tirer un grand profit de la lecture de ses ouvrages,certes un peu ardus pour les néophytes. Elle nous parle du pouvoir des mains qui soignent et guérissent ! Vous la trouvez un peu trop "New Age" à votre goût?  Alors, tournez- vous vers des ouvrages écrits par des scientifiques comme le Pr Régis Dutheil, physicien  et médecin ( La médecine superlumineuse, Editions Sand, 1987 )  ou des docteurs en médecine comme Janine Fontaine ( La médecine du corps énergétique, Editions Robert Laffont, 1983). A moins que vous ne préfériez le très médiatique Dr Deepak Chopra ( Santé parfaite, Collection J'ai lu ).  La liste est loin d'être exhaustive ! Aujourd'hui, vous n'avez que l'embarras du choix. Malheureusement, dans la réalité des pratiques, nous sommes encore loin d'appliquer ces découvertes essentielles qui nous parlent autrement de  l'être humain! 

Prenez conscience de ceci: l'époque a changé et il est grand temps de s'ouvrir à toutes les possibilités et  recherches nouvelles, qui nous montrent combien limités nous sommes dans notre vision de nous-mêmes et du monde.

Il serait souhaitable notamment de reprendre les aspects essentiels et positifs d'un grand savoir  se référant  à une  sagesse immémoriale sans frontières, savoir qui a été éparpillé, brouillé ou perdu. Je donne rapidement des indices: les "traditions" médicales essénienne, égyptienne, indienne, chinoise ( avec la notion du "ki", énergie vitale), les médecines "chamaniques"( aire géo-culturelle asiatique et américaine )  ou "animistes"
( aire géo-culturelle africaine ) qui ont été oubliées ou écartées. Car, il y a  un gâchis de connaissances  par orgueil ou suffisance de la part de l'homme moderne. Aujourd'hui, concernant l'intériorité de l'être humain, l'existence et le fonctionnement de l'énergie vitale, nous sommes obligés d'admettre que les traditions orientales ( et notamment indiennes) ont tellement de choses à nous apprendre, pas seulement au niveau de ce qu'on appelle l'"esprit" mais également au niveau du corps ( yoga pour les Indiens, qi-gong ou taï-chi pour les Chinois, entre autres).

Il faudrait réaliser une synthèse de toutes ces pratiques et savoir-faire afin de mettre en place une médecine holistique qui tienne compte de toutes les composantes de l'être humain. En réalisant cela, contrairement à ce que certains esprits réticents pourraient penser, nous irons de l'avant, car ces "traditions" nous donneront des ailes pour explorer et découvrir, grâce aux moyens technologiques modernes, des niveaux de l'être et des dimensions de la Vie que nous ne sommes même pas capables d'imaginer aujourd'hui en raison de nos oeillères.

Bref, si nous voulons une humanité nouvelle en bonne santé et équilibrée, il ne faut pas se contenter de voir l'être humain comme une machine. Il ne  faut pas laisser de côté, comme on le fait trop souvent, sa santé psychique, émotionnelle et spirituelle . Il s'agit de comprendre qu'un regard empreint d'humanité et de  compassion suffit parfois à guérir!

Semblablement vôtre !










































































19.04.2013

Bir zamanlar...1968 !

Traduction en turc de la "lettre"  Il était une fois ...1968 !   ( par Ümit Arar Guimbretière )

Bir zamanlar .......1968...

Tüm yaşlardaki, tüm ülkelerdeki tüm öğrencilerime ithaf ediyorum...

Peşinen söyliyeyim, amacım kendi blogumun asla hedefi olmayan polemiklere girmek değil..Sadece Fransada sıksık gündeme gelen 1968 fenomeninin sistematik olarak yerden yere vurulması hakkında fikrimi söylemek..
Yıllardır ortalıkta yolunda gitmeyen herşey için 1968 ruhunu suçlamak vede  "refah içinde, istikrarlı ve ahlaklı" bir toplumu baştan çıkaran bir şeytan olarak göstermek modası aldı gidiyor!

Bu yetmezmiş gibi, benimde içinde olduğum ,"baby boom" tabir edilen, yani savaş sonrası doğan kuşak, şu sırada başa gelen her belanın baş sorumlusu olarak gösterilmekte ve  sözü edilen kuşak,ihtiraslı,  bencil ve işgalci doğası gereği,gençlere "küreselleşen  şahane toplumda" yer açmamakla suçlanmaktadır!

Gereğinden fazla kendi halinden memnun, kendi dünyası içine yaşamaktan dolayı körleştiği için,daha o yıllarda ufukta beliren ve günümüzde internet ,inter bağlılık ve inter bağımlılık şeklinde ortaya çıkan  fırtınan tehlikesini göremiyen bir toplumu , belki çok radikal bir şekilde derinden etkileyerek değişimine yardım eden bir kuşak ve bir fenomene karşı gösterilen  bu hırs ve bu hıçınlık nerden çıkmıştır?

Acaba niçin benimde içinde bulunduğum bu kuşağın, şimdi günümüzde,yapılması  meşru kabul edilen bir savaşın öncüleri olduğumuzu anlamamakta direnilmektedir? Ancak bunu anlamak için ,zaman içinde küçük bir yolculuğa çıkıp, 1968 Mayıs ayına gitmek şart..!! Paris içten içe kaynıyor..Yüzlerce değil binlerce değil yüzbinlerce genç ...eh birazda " daha yaşlı genç", sokaklara dökülmüş,  bayram yapıyorlar..!!Yalnız Paris,yalnız Fransa değil,dünyanın birçok yerinde bu bahar,gençliğin baharı...

O zamanlar sayıları epeyce fazla olan birçok insan,ne olduğunu bir türlü kavrayamıyorlar: Bu gençler ne istiyorlar?...Niçin refah içinde diyebileceğimiz  (herkes konfor peşinde,herkesin  otomobil, buzdolabı ve televizyon sahibi olma olasılığı var..) bir topluma karşı ayaklanıyorlar?..Savaş yıllarının yokluklarını ve kıtlığını yaşamamış bu gençler, içinde bulundukları bolluğa rağmen,şımarıklık ve nankörlük etmekteler....Neleri eksikki,  neyi protesto ediyorlar?Ayrıca, tam olarak ne istiyorlar?..Sanki en önemli şey, somut birşeylere sahip olmakmış gibi düşünülüyordu!

Bazı gençler, sonraları Otuz Yıl Bolluk olarak adlandırılan yani 1945 -!975 yılları arasındaki materyalist çizgiyi son derece fakir,sınırlı,yetersiz hatta tehlikeli olarak tanımlıyorlardı: çünkü daha o yıllarda insanlar, bir "tüketim uygarlığı" sistemi içinde kalıplara sokuluyor ve sonunda ortaya kendi küçük konforu için son derece dikkatli ve kaygılı olan ama kendini hapseden zincirlere karşı kayıtsız ve kaygısız olabilen hatta bu zincirlerin farkında bile olamayan bir insanlığın formatı atılıyordu..

Tabiki 1968 hareketinin,tüm hareketlerde olduğu gibi ,abartıları ve amacının dışına taşması olmuştur.Ancak, gençlerin " temiz ve yeni bir hava" soluma gereksinimi ve kuvvetli bir hayal gücü ve ütopya isteğini  içeren o dönemin idealleri ve sloganları, günümüzde de geçerliliğini korumaktadır.

O dönemin idealleri şunlardı: Savaş yerine sevginin çözüm olduğu, buyurgan otoriteyi red etmek, ikiyüzlü ahlak ve din kurallarına karşı gelmek,küreselleşmeye yol açan uygarlığın tek çizgisini materyalizm olarak gören görüşü red etmek,doğayı mahveden eylemlerin karşısında yer almak ki bu zaten günümüzde ekolojik bilince dönüşmüştür.

O dönemin sloganları ise,şöyleydi; kaldırım taşlarını kaldırırsak,altından plaj çıkar..(şehirde bile deniz kenarında olduğumuzu düşliyebiliriz..), hayal gücü iktidara gelsin..

Bende blogumdaki 14 numaralı  mektubumda sizlere şunu diyordum: SİZLERE HAYAL KURMAYI TEKLİF EDİYORUM...

68 hareketinin özünü oluşturan idealler, günümüzde de hala gerekliliğini korumaktadır. Dünyayı esir alan bencillik ve ilgisizlik,günümüz insanlarını ve gençliğin büyük bir kısmını duyarsız ,hissiz hale getirmiştir. İdealizm rüzgarı esince milyonlarca insan harekete geçebilir.İdeal yoksa,hiç birşey başarılamaz.Tahmin edilenden çok daha fazla insan,gizlice yada açıkça bir değişimi istemektedirler.İşte,bu değişimin motoru idealizmdir.İdealizm, dünyanın özsuyu gibidir.Ağacın kesilen dalı hemen kurur.Eğer bizde ideallerimizden koparılırsak, özsuyumuz bizi besleyemez ,eylemlerimiz ve yaratılarımız kurur ve çabalarımız bir işe yaramaz.Unutmayalım:yenilik soluğu bizim irademizdedir.Yaşımız kaç olursa olsun,bu yenilenme soluğu bizim enerjimizdir.

Değişik zamanlarda, çeşitli dönemlerde estiği gibi,1968'de de esen ve o dönemin gençleri tarafından ifade edilen bu büyük kozmik rüzgar, belirli bir kişiye yada kuşağa mal edilemez. Bu hareketin o dönemde ortaya çıkması gerekiyordu.Tıpkı onun arkasından gelen "new age" soluğunun bir başka "mayıs"ı oluşturduğu gibi..Bu rüzgar. tek bir kuşağa ait değil dememin sebebi,1968 den önce, bizim anababalarımızında başka bir dünyayı daha güzel, daha adaletli ve daha sakin yapmak için çok uğraşmış olmalarıdır.Onların çabalarını bugün başarısız olarak değerlendiremeyiz.Bence bu kuşaklar arası bir bayrak yarışı gibidir ve bir kuşaktan diğer kuşağa aktarılan bir çalışmadır.

Bu yüzden ,şimdi kırklarında olan 68 de doğan çocuklar, aynı mantıkla devam ederek bu ruhla dünyayı değiştirmeye çabalamalılar diyorum. 68 lerde henüz emekleme döneminde olan ama şimdi  bu 68 doğumlu "genç"lerde belirginleşen özellikleri ve becerileri, pragmatik, ayağı yere basan, titiz olmalarıdır.bu özellikleri sayesinde, maddesel dünyaya demir atıp, ordan yeni bir dünya ve bir insan türünün ortaya çıkmasını gerçekleştirebilirler.Ayrıca bugün bebek olan geleceğin anababalarının ise,  bugünün gençlerinin işlerini tamamlayarak bizim umutlarımızın bile ilerisine geçeceklerine inanıyorum.Bu en yeni kuşak, cesaret ve kararlılıklarıyla muhtemelen bizleri şaşırtacaklar...

O zaman her şey yerli yerine oturacak ve 1968 boşuna yapılmış olmayacak.Bana kalırsa, kuşakları birbirleri ile karşıkarşıya getirmek gereksiz bir eylemdir.Bizim anababalarımız mı yoksa biz mi daha iyiydik sorusunun hiç bir önemi yok.Çünkü onlarında hayalleri ve beklentileri vardı.Tıpkı biz ve çccuklarımızın olduğu ve çocuklarımızla torunlarımızın olacağı gibi..Önemli olan 68 ruhunu sürekli yaşatıp, dünyamızın iyliği için gerekli olan  bu şahane enerji dalgasının çeşitli şekillerini aktarabilmektir..

                                                        *****************

Şimdi, sizi en "genç" devrimci ozan olan Pete Seeger ın dokunaklı bir şarkısınla başbaşa bırakıyorum.

Hepinizi,kuşaklar arasından ve kuşaklar  ötesinden selamlarım...

                                                






18.04.2013

Il était une fois... 1968 !

 Message dédié  à tous mes anciens étudiants de tous âges et de tous les pays !

Je ne désire nullement entrer dans une polémique, ce qui n'est pas du tout le but de ce blog , mais il me semble nécessaire de faire le point sur un comportement récurrent en France, le dénigrement systématique du "phénomène 1968" ! Depuis des années, c'est devenu à la mode d'accuser de tous les maux  "l'esprit de 1968" décrit comme le "diable" qui aurait fait dérailler une société "prospère, stable et morale" ! Comme si ce n'était pas suffisant, on montre du doigt la génération "baby-boom" ( dont je fais partie  ) et on en fait la principale responsable des maux de notre société actuelle, la considérant comme égoïste, ambitieuse, envahissante et ne laissant pas les jeunes générations prendre leur place dans notre "belle société mondialisée" !

D'où vient cette rancoeur, cette hargne contre un phénomène et une génération qui ont transformé ou aidé à transformer en profondeur et parfois radicalement une société bien trop auto-satisfaite et aveugle aux "dangers" qui se profilaient à l'horizon comme de gros nuages annonciateurs de tempêtes à venir...et Dieu sait si celles-ci sont bien présentes aujourd'hui dans notre monde "interneté", interconnecté et  interdépendant...?

Pourquoi ne pas vouloir comprendre que cette génération, à laquelle j'appartiens, a été le précurseur de tous les combats qui aujourd'hui sont considérés comme allant de soi et légitimes. Mais pour comprendre cela, il faut faire un petit voyage dans le temps ! Mai 1968 ! Paris en ébullition, Paris en fête pour des dizaines voire des centaines de milliers de jeunes et... de moins jeunes ! Mais pas seulement Paris, la France, un peu partout dans le monde, c'est le printemps de la jeunesse ! Certaines personnes ( elles sont nombreuses à l'époque ) ne comprennent pas ce qui se passe: que veut cette jeunesse ? Pourquoi s'insurge-t-elle contre une société somme toute prospère ( chacun aspire au confort et  peut désormais posséder une voiture, un frigidaire et une télé! ). Comment, dans ces conditions-là, ces jeunes qui n'ont pas connu les restrictions et les pénuries de la guerre,  peuvent-ils se comporter de manière si légère et si ingrate ? Pourquoi protestent-ils , que leur manque-t-il ? Et puis surtout, que veulent-ils exactement ?  Comme si l'essentiel était de posséder matériellement quelque chose !

Une partie de la jeunesse considérait que l'horizon "matérialiste" de ce qu'on appellera plus tard les Trente Glorieuses  était bien pauvre, limité, insuffisant, voire dangereux, car il plaçait  les gens dans un moule façonné par le système d'une "civilisation de consommation" qui se mettait déjà en place et qui allait se révéler très étouffant et contraignant en créant une humanité formatée, docile, soucieuse de son bien-être et de son confort mais insouciante et inconsciente des chaînes qui l'emprisonnaient ( souvent à son insu !). Bien sûr, 1968  eut ses excès et ses débordements ( comme tous les mouvements) , mais , pour l'essentiel, les idéaux exprimés à l'époque ( l'amour et pas la guerre, le refus de l'autorité aveugle, la contestation de valeurs morales et religieuses bien hypocrites, le rejet clair du matérialisme comme seul horizon de notre civilisation qui commençait à peine à se mondialiser, les premières prises de conscience concernant notre comportement  dévastateur à l'égard de la nature, lesquelles allaient se transformer plus tard en conscience écologique), les slogans ( "sous les pavés la plage" et "l'imagination au pouvoir") sont encore valables aujourd'hui et n'exprimaient rien d'autre qu'un immense désir d'air pur, un farouche besoin de rêve et d'utopie ( comme je le disais dans ma lettre 14  intitulée Je vous propose de rêver !) !

L'idéalisme à l'origine de ce mouvement est bel et bien encore nécessaire et d'actualité dans notre monde rongé par l'égoïsme et l'indifférence généralisés rendant apathique une grande partie de l'humanité et de la jeunesse d'aujourd'hui. Sans lui, sans ce souffle qui a animé de tous temps des millions de gens de par le monde, rien n'est possible. L'idéalisme est le moteur essentiel à un changement nécessaire et souhaité ouvertement ou en secret par une plus grande partie de l'humanité qu'on le croit. Il est comme la sève du monde. Si on coupe une branche à un arbre, les feuilles et le bois se dessèchent très vite. De la même façon, si on  se  coupe de notre idéal, si on ne l'alimente pas, nos actions et nos oeuvres se dessècheront vite et tous les efforts prodigués ici et là ne serviront plus à rien. N'oublions jamais cela, le souffle du renouveau ne peut venir que de notre volonté sans cesse renouvelée de mener jusqu'à son terme  l'énergie qui nous porte et qui s'exprime à travers nous tous, quel que soit notre âge.

Ce grand vent cosmique qui a soufflé en 1968 ( et en d'autres temps !) et qui s'est surtout exprimé à travers les jeunes de cette époque-là n'appartient à personne en particulier ni à une génération spécifique.Il devait se manifester à cette époque-là, tout comme l'esprit "New Age"  souffle  depuis bientôt un quart de siècle sur le monde , prenant ainsi le relais d'un "certain mois de mai". Quand je dis que ce vent n'appartient à aucune génération en particulier, je veux dire par là qu'avant 1968 nos parents ont eux aussi aspiré et travaillé à un autre monde plus beau, plus juste, plus pacifique. Leur fait-on le reproche aujourd'hui de n'avoir pas réussi ? Ce serait malvenu et ne rien comprendre à ce qui pour moi constitue un travail transgénérationnel, comme une course de  relais en athlétisme, c'est-à-dire une transmission d'idéal d'une génération à une autre.

C'est pourquoi, j'ajouterai que les enfants de1968 ( ceux qui ont la quarantaine aujourd'hui) sont la continuation logique de cet esprit qui aspire à changer le monde. Ces "jeunes-là"  ont une qualité essentielle à mes yeux ( qualité qu'il était difficile de développer en 1968 car la contestation était balbutiante), celle d'être pragmatiques, concrets, précis, celle d'ancrer dans "la matière du monde" les changements qui doivent faire émerger un  monde nouveau et  un homme nouveau. Et ce n'est pas fini, car j'ai l'intime conviction que les adultes de demain, les nourrissons de maintenant, complèteront le travail des jeunes d'aujourd'hui et qu'ils parachèveront ce qui a déjà été accompli, allant bien au-delà de nos espérances actuelles. Ils nous étonneront probablement par leur audace et leur détermination .

Ainsi, tout sera bien et 1968 n'aura pas eu lieu pour rien . Il me semble inutile et stérile de dresser les générations les unes contre les autres: nos parents ont-ils fait mieux ou moins bien que nous ?  Quelle importance ? Eux aussi ont eu leurs rêves et leurs attentes ...tout comme nous et nos enfants et tout comme les enfants de nos enfants. Ce qui est essentiel c'est que vive encore et encore l'esprit de 1968, parce qu'il est l'un des nombreux visages de la formidable vague d'énergie qui transforme le monde, notre monde, pour son plus grand bien.

Je vous laisse, à présent, en compagnie du plus "jeune" des troubadours contestataires, Pete Seeger, pour une ballade bien émouvante.

Inter et trans-générationnellement vôtre!

                                                           

30.03.2013

Aller au-delà...de 2012 ! Retour à soi .

Le 20 /12 / 2012  est déjà derrière nous! Qu'avons-nous vu ? Rien de visible, rien de patent, rien de remarquable! Alors quoi, toute cette débauche d'analyses, de commentaires, toutes ces exégèses, toutes ces prophéties plus ou ou moins catastrophistes les unes que les autres, tout cela  pour rien ?

Et pourtant, que croyons-nous ? Que nous pouvons faire comme avant, comme si rien ne s'était passé, heureux que l'orage se soit éloigné et qu'on s'en soit sorti à si bon compte ! Le temps se raccourcit, il s'accélère, il nous est octroyé en espérant que nous en ferons quelque chose et surtout que nous changerons quelque peu nos  habitudes, nos pesanteurs, nos blocages, nos immobilités.

Quel spectacle nous offre le monde actuel ? De grandes "manoeuvres" pour ne rien changer du tout ou le moins possible,  toutes ces actions qui nous font croire que nous pouvons garder un minimum de tout ce que nous possédons. Un nouveau Pape qu'on élit pour surtout ne rien changer, ne pas effrayer le milliard de catholiques dans le monde qui espèrent quoi d'un nouveau pontife ? Continuer à "pontifier" comme il se doit !
Des guerres qui continuent un peu partout dans le monde pendant que des millions de gens ne mangent pas ou si peu ! Des peuples qui essayent de prendre leur destin en main et qui se voient voler leur courage, leur énergie, leur foi, leur espoir par des "voyous" aux airs de prophètes et aux idéologies plus que douteuses.
Les mêmes recettes dépassées et stériles pour sortir des dettes financières des pays créées justement par le même système qui demande aux pauvres gens de toujours plus "se serrer la ceinture"...jusqu'où, jusqu'à quand ? Comment s'étonner que les peuples se révoltent ? Ils comprennent parfaitement bien qu'on les prend pour des "imbéciles".

Comme le chantait Tina Turner dans le film de fiction à tendance dystopique Mad Max : "We don't need another hero!". En effet, nous n'avons pas besoin de "sauveur" qui nous sortirait comme par miracle de notre incapacité chronique à vouloir autre chose que la répétition mécanique et trop connue de notre médiocre quotidienneté. L'histoire du XXème siècle nous a montré jusqu'à l'écoeurement  le plus total où  pouvaient nous mener ce genre de "leaders", mais il a fallu du temps avant que nos "grands intellectuels" veuillent bien accepter à quel degré ils ont été crédules, ce qui n'a pas dû être facile, puisqu' un "intellectuel" devrait être par définition un homme lucide !

Quand reconnaîtrons-nous que nous nous sommes fourvoyés, qui écoutera la voix de gens peu connus ou peu  médiatisés et qui nous parlent depuis déjà un bon bout de temps avec insistance et obstination de la crise de notre monde , de notre humanité actuelle, de notre ère présente qui exige d'autres objectifs , un autre cap à définir tous ensemble, afin que les premières pierres que nous poserons pour un monde nouveau soient enfin et pour la première fois acceptées et reconnues par tout le monde ? Ainsi, les bases d'une nouvelle humanité seront solides car cimentées par une vision et un accord communs.

Ce que je mentionne ici même existe déjà dans le monde un peu partout et pour ne citer que la France, je vous prie de vous référer à un mouvement qui a éclos il y a peu de temps et qui se nomme Les Colibris, mouvement initié et soutenu par Pierre Rabhi, dont nous avons déjà parlé dans la deuxième lettre de ce blog! Ce n'est pas 1 ni 10 mais 100 ou 1000 mouvements comme celui que je viens de citer qu'il nous faut pour commencer à jeter sans fracas les bases concrètes d'un nouveau monde solidaire, fraternel et compatissant. Et pour ceux qui douteraient encore de la capacité des hommes et des femmes ordinaires à trouver des solutions concrètes et viables en l'absence des "grands spécialistes économistes, financiers et responsables politiques donneurs de leçons", il leur suffira de parcourir l'ouvrage 80 hommes pour changer le monde ( Sylvain Darnil, Mathieu Le Roux, Editions JC Lattès 2005, Collection Livre de poche ) pour se convaincre qu'avec de la bonne volonté et de l'imagination l'humanité est capable de réaliser de "grandes choses" pour elle-même et la planète .

Pourquoi refuse-t-on de comprendre que si nous voulons donner ou redonner du sens à nos existences, c'est bien par une action et une attitude d'amour envers ce qui nous entoure: la Terre qui nous nourrit, l'air que l'on respire, l'eau que l'on boit, les humains ( nos frères/soeurs  et compagnons "d'aventure" dans ce monde que nous avons parfois du mal à comprendre), les animaux, nos autres "frères", les végétaux , nos précieux alliés de vie! Comme l'écrit avec bon sens Nicolas Hulot: "L'écologie est une magnifique occasion , peut-être même l'ultime occasion, de redonner du sens au progrès". Mais, comme j'ai tendance à me méfier désormais du concept de progrès qui a été longtemps le prétexte à faire tout et n'importe quoi dans notre monde moderne, industrialisé et technologique, je me permettrai de rectifier et de remplacer le terme de progrès par celui d'existence. Ainsi, je dirai que l'écologie est une occasion  unique de redonner du sens à notre existence, à notre présence sur Terre ! Ce devrait être un objectif suffisamment enthousiasmant pour les êtres humains s'il s'accompagne d'un réel  "réenchantement" du monde, c'est-à-dire s'il nous permet de (re)donner du sens et de la valeur à la Vie et à nos existences par une reprise en main de nos destinées !


Pour cela, n'ayons donc pas peur de revenir  à notre  quotidienneté, à notre pesanteur, pour reprendre les choses depuis le début...Reprendre le chemin que nous avions ( peut-être ) abandonné pour suivre des autoroutes bien larges, bien confortables, bien balisées et surtout nous menant vite à destination ! Mais, avions-nous défini au préalable  notre destination...ou bien pressés, ballotés par les aléas et les hasards de notre existence, nous  sommes-nous mis à croire ( réellement )  que nous allions quelque part et que nous savions où aller ?

Nettoyer à nouveau le chemin qui se trouve devant nous, débroussailler ce qui encombre depuis bien longtemps ( depuis toujours ? ) notre route et notre espace intérieur. Nettoyer c'est  débarrasser notre
espace intérieur de ce qui fait nombre et constitue un obstacle à notre clarté d'esprit ! Déminer le chemin que nous empruntons en débusquant tous les traquenards de notre mental, simplifier notre vie pour aller enfin vers la transparence et la sobriété, seules qualités susceptibles de nous mener vraiment jusqu'au bout de nous-mêmes, de notre être profond et véritable, le seul qu'il vaille la peine de (re)découvrir. pour être en mesure d'aider les autres à faire le même "travail"  sur eux-mêmes ! Alléger notre atmosphère intérieure pour que le monde et les autres deviennent plus légers, plus lumineux, plus vivants, plus vrais!

Tout ce processus ( que j'ai évoqué il y a déjà plus de quinze ans dans des réflexions personnelles) s'appelle auto-guérison ( c'est-à-dire le retour à soi ! ), que seul(e) chacun(e) d'entre nous, dans sa solitude sacrée,
peut décider d'entreprendre. Il n'y a pas ( il ne peut pas y avoir ) d'autre guérison complète et véritable !
Guérison ? Mais guérir de quoi, allez-vous me dire ? Guérir de toutes nos "blessures" qui nous empêchent d'aller vers nous-mêmes et ensuite vers les autres ! Guérir c'est nettoyer notre espace intérieur
encombré par nos colères, nos ressentiments, nos échecs et nos susceptibilités. Relisons ce que nous dit  si simplement et avec tellement de conviction Thich Nhat Hanh dans ses Enseignements sur l'amour 
( Editions Albin Michel, Spiritualités vivantes, 1999 pour la traduction française ).

Guérir de tous ces déséquilibres qui se sont accumulés en nous année après année, déséquilibres qui se sont formés d'abord au niveau émotionnel pour se cristalliser ensuite en certitudes mentales sur nous-mêmes et le monde environnant, "cassures"  qui se sont enfin  petit à petit solidifiées dans notre organisme  pour constituer ce que nous appelons aujourd'hui nos maux physiques, lesquels sont bien souvent le reflet matériel  irréfutable de ce qui se trame en nous ( parfois à notre insu ) durant toute notre existence !

Alors, simplement et en toute modestie, reprenons le chemin de nous-mêmes, celui de l'amitié ( pour notre être intérieur et pour les autres )  afin d'aller au-delà... des lassitudes de notre quotidien et du temps qui passe inexorablement, afin surtout de faire fleurir ce qu'il y a de meilleur en nous!

En toute amitié.