Emergence de
l’homme nouveau : pour une “révolution” spirituelle.
Pour faire émerger un
monde nouveau, il nous faut tout d’abord faire croître un homme nouveau. Car nous avons pensé naïvement qu’il suffisait de
proposer un “idéal” de société aux hommes
pour qu’ils y adhèrent tous spontanément. En somme, “nous mettions la
charrue avant les boeufs”, oubliant qu’il n’est pas aussi aisé de changer la
“nature humaine” faite essentiellement d’habitudes et d’automatismes acquis
tout au long des siècles et des millénaires de l’histoire connue de l’humanité.
Sans l’apparition d’hommes “nouveaux”,
qu’espérons-nous changer de notre environnement ?
En réalité, il nous faut réaliser une “révolution” beaucoup plus radicale que celle collective
socio-économique et idéologique des penseurs dits “révolutionnaires” mais en
même temps infiniment plus pacifique que celles dont l’histoire a été jusqu’à
présent le témoin: je veux parler d’une “révolution” intérieure et individuelle, pour laquelle
personne ne peut s’ériger en censeur, inspecteur ou évaluateur.
De cette “révolution”
intérieure, que nous pourrions appeler aussi spirituelle, nombreux sont les instigateurs et penseurs plus ou
moins connus: Sri Aurobindo et à sa suite Mère et Satprem, le disciple de cette
dernière, Teilhard de Chardin, le
Mahatma Gandhi, Krishnamurti et bien d’autres encore ( la liste est en réalité
très longue si l’on pense à tous les “chercheurs
de l’intériorité” de toutes les cultures existantes de notre planète! ) que
nous aurions intérêt à lire, par les temps qui courent, car ils nous parlent tous à leur manière de
la prochaine étape évolutive de l’être humain !... Cette “transformation”
ne peut être que verticale, car elle
doit nous permettre d’accéder à d’autres dimensions et niveaux de conscience non seulement
de la réalité mais aussi de l’être humain. Elle doit nous permettre de
faire croître et d’exprimer d’autres valeurs que celles qui ont cours
actuellement dans notre monde “globalisé” ( et non unifié ! ), fondé
principalement sur des rapports de pouvoir
et de domination ( d’où l’échec prévisible des tentatives passées de
changement qui se fondaient sur une logique
de permutation : une fois la noblesse et la bourgeoisie écartées, le
prolétariat, comme “sauveur” de l’humanité, imposant sa loi aux autres classes
sociales !...).
Ce qu’il nous faut comprendre désormais pour ne pas retomber
dans les mêmes impasses, c’est la nécessité absolue et vitale de changer ce
type de rapports entre les êtres humains.
Aujourd’hui, comme par le passé d’ailleurs, ce qui mine
notre monde et la coexistence entre les êtres, c’est le désir d’élitisme, qu’il ne faut pas confondre avec la volonté de
rigueur et d’exigence ( vertus qui ne
s’adressent qu’à nous-mêmes ! ). L’élitisme signifie écarter les autres, pour
asseoir sa propre puissance. Ainsi, selon cette logique qui dirige toujours
notre monde, il y a des “gagnants” et des “perdants”, des gens “doués” et
d’autres “ordinaires”, des “malins” et des “naïfs”, des riches et des pauvres,
des dominants et des dominés ( la fameuse dynamique du maître et de l’esclavce
si bien démontrée par Nietzsche ! ). Cette dynamique, cette vision doivent être brisées si nous voulons réellement
accéder à un autre niveau de notre “humanité”.
Ainsi, ne confondons pas élitisme ( synonyme de“sélection”) et
volonté de perfection ( qui ne
s’applique qu’à nous-mêmes ! ) Et si nous tenons absolument à parler de pouvoir
ou de puissance, alors tournons-nous vers notre intériorité et travaillons à développer cette belle qualité ou vertu que constitue la maîtrise de nous-mêmes. Par cette
expression, j’entends non pas un contrôle de soi ( qui serait encore une autre
forme d’oppression... envers nous-mêmes),
mais la découverte et
le développement de nos qualités intrinsèques pour notre plus grand bien et
celui de tous ! Et s’il y a combat, ce ne peut être que le plus héroïque qui soit
( correspondant à la “virya-pâramita” des Bouddhistes ),
celui qui nous pousse à nous améliorer sans cesse ( le vrai “djihad”
des Musulmans et non celui dévoyé des “Talibans”!) , celui qui nous propulse vers le stade le plus élevé, le plus
évolué de notre humanité !
Un homme nouveau ou un être
humain nouveau ( la langue française étant malheureusement encore
“sexiste”, puisqu’elle oblige à utiliser
le masculin pour parler de l’espèce humaine ! )
n’a rien à voir pour moi avec tous les rêves ou fantasmes
eugéniques d’hier et d’aujourd’hui, car ce n’est pas artificiellement par des
manipulations dites “génétiques” que l’on créera un homme nouveau. Le
“génétique” suivra l’intention et
non l’inverse ! Car toutes les
transformations, quelles qu’elles soient, ne peuvent se faire que de l’intérieur,
au sein de notre biologie, de notre ADN, par un labeur/labour spirituel sur
nous-mêmes ( je ne parle pas d’ascèse ! ), par une sorte de retour à notre intimité. Nous avons perdu le contact avec nous-mêmes, nous sommes devenus
incapables d’amitié avec l’être le plus proche qui soit, à savoir notre “soi” !
A suivre...