19.09.2014

La confusion des esprits et le mal-être généralisé


       


         Prendre soin de l'enfant intérieur ! Tel est le  dernier ouvrage de Thich Nath Hahn, dont le titre original en anglais est Healing the inner child, pour lequel j'aurais préféré que l'on garde la traduction littérale qui me semble tellement plus parlante et plus juste: "guérir l'enfant intérieur"car il s'agit bien de guérison dont nous entretient le moine vietnamien!...

          Comme à son habitude, Thay (surnom affectueux utilisé par les disciples de Thich Nath Hahn) nous parle directement, sans fioriture, mais d'une manière toujours aussi authentique et efficace, de nos problèmes essentiels.

           Pourquoi est-ce que je considère Thay comme un vrai "héros" (les Bouddhistes du Grand Véhicule utiliseraient le terme de "bodhisattva") ? Parce qu' on ne s'attend pas de la part d'un moine bouddhiste qu'il s'implique autant dans la société, qu'il soit aussi soucieux de trouver une solution aux problèmes de notre monde d'aujourd'hui.

           Thay nous montre avec clarté, simplicité et efficacité le chemin pratique que nous pouvons emprunter pour faire la paix avec nous-mêmes et, par conséquent, la propager dans le monde entier au niveau collectif.

            Voilà les raisons pour lesquelles j'admire autant cet homme. Car, voici quelqu'un qui pourrait, comme beaucoup d'autres moines et "religieux", se retirer du monde à l'instar des "samnyasin" (renonçants) et ascètes dont regorge l'Orient et plus particulièrement le sub-continent indien et pour lesquels j’ai, par ailleurs, la plus grande estime ! Non, il préfère avec l'humilité authentique et la gentillesse que l'on connaît, "travailler" dans le monde, au milieu de ses semblables et loin de sa terre d'origine pour nous aider à vivre dans les temps difficiles qui sont les nôtres actuellement. Et, il n'évite rien des écueils que vit notre société moderne actuelle.

            Comme il le montre si bien, nous sommes interdépendants les uns des autres, nous "inter-sommes" (selon le néologisme qu'il a lui-même créé) et, par conséquent, nous ne pouvons pas faire comme si le sort des autres, de tous les autres, nous indifférait. Nous sommes, par définition et par nature, liés, étroitement liés les uns aux autres, quoi qu'on fasse et quoi qu'on pense.

            Et les efforts que nous déployons pour nous-mêmes, pour notre bien, pour acquérir un minimum de stabilité, de bonheur et de sagesse servent (doivent servir) nécessairement aux autres, à tous les autres, c'est-à-dire à l'Humanité toute entière, prise comme une entité communautaire réelle, la Totalité humaine existante, entité qui possède, à n'en pas douter, une singularité et une destinée propres.

            Voilà bien ce qu'enseigne le meilleur aspect du Bouddhisme, le Grand Véhicule, à savoir la Voie des Bodhisattvas, ceux qui reviennent sans relâche sur Terre pour sauver les autres, tous les autres qui souffrent ou qui sont en perdition, dans la confusion la plus totale.

            Chez Thay, nul reproche envers qui que ce soit, mais une insistance bienveillante, presque têtue, à nous convaincre encore et encore que la seule chose positive qui compte est de (nous) guérir de nos blessures, blessures d'enfance le plus souvent qui se transforment et s'aggravent avec l'âge, faisant de la plupart d'entre nous des êtres durcis et durs envers les autres comme envers nous-mêmes. Le souci d'efficacité (même s'il n'en parle jamais en ces termes) est toujours présent, comme inscrit en filigrane, dans les propos et l'attitude du maître vietnamien.

            C'est sans doute tout cela qui me touche et me convainc à la fois que son action sur ses auditeurs et lecteurs a l'effet d'une boule de neige, nous entraînant ainsi dans son sillage si léger, si frais, si serein, si paisible et si compatissant...

            Sans doute, si nous cherchions bien, nous pourrions trouver des "guides" plus "profonds"  ou plus "ésotériques", mais à quoi bon s'ils ne nous mettent pas en mouvement, si nous ne parvenons pas à nous mettre définitivement et réellement en route!...A quoi bon se complaire dans des considérations intellectuelles et/ou spirituelles si nous ne les mettons pas en pratique dans notre monde et dans notre existence la plus quotidienne, la plus triviale?  A quoi bon si le monde continue à tourner comme une toupie folle, jouet de notre inconstance, indifférence, instabilité et surtout confusion.

            Car, une bonne partie des problèmes de notre époque se résument à cette constatation: la confusion des esprits et le désarroi qui en découle. Un petit regard sur notre société, sur notre environnement social, politique, moral et intellectuel suffit pour comprendre dans quelle situation d'impuissance, de confusion, de désespoir même se trouvent nos semblables. Et ceux qui nous gouvernent et que nous avons coutume d'appeler les "élites" ne savent pas plus que n'importe lequel d'entre nous
–même s’ils se montrent sûrs d’eux et parfois arrogants!-  ce qu’il convient de faire pour améliorer la situation générale, parce qu'ils continuent à penser selon les mêmes schémas dépassés et nous entraînent avec eux sur une voie sans issue.  Il est grand temps de comprendre que ce que nous vivons n'est pas un incident de parcours mais une vraie crise profonde de civilisation. Il est grand temps de changer de paradigme, comme le proposaient déjà il y a près de 50 ans certains esprits aux Etats-Unis lorsqu'ils parlaient d’ «Acquarius conspiracy » (« la conspiration du Verseau », référence à l’astrologie qui parle de l’Ere du Verseau comme de la nouvelle ère à venir!...) pour présenter un mouvement de contestation et de renouvellement des structures établies. Dans nos sociétés dites d’abondance et de consommation, il est urgent, aujourd’hui, de se détacher progressivement du concept de croissance quantitative  pour mettre en place le développement qualitatif et explorer davantage le domaine de l'"être" en laissant celui de l'"avoir", de tous les avoirs et possessions diverses...

            Dans cette situation, nous avons besoin d'un bon coup de bâton "façon Zen" pour nous réveiller de notre torpeur et de notre sempiternelle complaisance ou bien encore du son de cloche "façon tibétaine" pour nous rappeler à nous-mêmes... de nous-mêmes, c'est-à-dire de notre "être véritable". Dans cette situation, notre situation présente, qui est celle de l'immense majorité d'entre nous, nous avons encore et encore besoin des gifles que nous administre Krishnamurti. Si nous savons l'écouter, si nous pouvons l'apprécier et comprendre le cadeau qu'il nous fait, lorsqu'il ne nous laisse aucune issue à nos faux-semblants, à nos subtiles justifications, à nos éternels prétextes pour ne pas entreprendre le seul "travail" qui vaille la peine: le travail sur nous-mêmes pour nous connaître réellement, en dehors de tous les préjugés et savoirs que nous avons pu accumuler siècle après siècle.

            Ecoutez-le qui nous parle encore et toujours de "la libération de l'homme de ses conditionnements" à travers son ouvrage (parmi tant d'autres!) intitulé Se libérer du connu (Editions Stock, Le livre de poche, pour la traduction française) : " Pouvons-nous donc, vous et moi, provoquer en nous-mêmes  -sans aucune influence extérieure, sans nous laisser persuader, sans crainte de punition- pouvons-nous provoquer dans l'essence même de notre être une révolution totale, une mutation psychologique, telles que la brutalité, la violence, l'esprit de compétition, l'angoisse, la peur, l'avidité, et toutes les manifestations de notre nature qui ont construit cette société pourrie où nous vivons quotidiennement, cessent d'exister ?"

           Alors, pouvons-nous prendre un peu de temps et de recul pour nous arrêter et regarder bien en face ce que nous sommes devenus et la situation collective dans laquelle nous nous sommes mis ? Pouvons-nous regarder la réalité en face sans nous apitoyer sur notre sort, sans non plus nous perdre dans une autocritique sans fin ? Pouvons-nous voir avec calme et lucidité ce que nous avons créé et sommes-nous capables de reconnaître avec objectivité et sans culpabilisation excessive que nous avons fait fausse route mais qu'il suffit d'en prendre réellement conscience pour amorcer un changement d'orientation et commencer à mettre en place les bases d'un nouveau monde, moins basé sur la matérialité, l'intérêt et l'utilitarisme et davantage sur l'intériorité, la solidarité et l'entraide ? Car, ce que nous vivons actuellement s'apparente bel et bien à ce qu'on peut appeler une période de transition entre une ère ancienne et révolue et une nouvelle ère, celle dont nous avons parlé plus haut, à savoir l'Ere du Verseau.

          Certes, un certain nombre de penseurs et d'astrologues ont déjà mentionné cette "possibilité" selon laquelle notre monde et notre humanité actuelles seraient en train de vivre un grand bouleversement, à la fois collectif et individuel, certes l'expression "Ere du Verseau" n'est pas nouvelle, mais sommes-nous réellement conscients de ce qu'elle représente?  Sommes-nous capables, comme le dirait Krishnamurti, d'aller au-delà d'une simple considération intellectuelle motivée par une curiosité pour quelque chose de nouveau, une nouvelle mode ? Si vous pensiez ainsi, alors je vous demanderais d'oublier tout ce qui vient d'être dit dans ce "billet" (et dans les précédents) que je vous adresse ...Par contre, si vous êtes convaincus qu'effectivement nous sommes tous, êtres humains, en train de vivre un "séisme" à l'échelle planétaire et cosmique, c'est-à-dire le début d'une mutation profonde et radicale du genre humain comme le pensait déjà à son époque le grand sage inspiré Sri Aurobindo, alors prêtez une oreille attentive à ce que, dans le domaine de l'astrologie, un auteur peu connu cherche à nous transmettre.

         Orientaliste de formation, Jean de Larche (nom d'écriture) écrit depuis près d'une trentaine d'années un certain nombre d'ouvrages (*) concernant un enseignement réellement novateur mais parfois exigent de l'astrologie. En effet, l'enseignement auquel il a été initié et qu'il transmet avec beaucoup de modestie et de discrétion révolutionne totalement cette voie de la connaissance. "Discipline émergente pour le XXIème siècle" comme Jean de Larche la nomme, l'AstrologieTranscendantale s'oppose à l'astrologie traditionnelle par le fait qu'elle  se présente comme une astrologie de l'être et non comme une astrologie de l'ego.  L'Astrologie Transcendantale est bien plus qu'une simple technique d'interprétation de symboles célestes, elle n'est pas non plus une "science" prédictive, elle est tout à la fois une ontologie, une théosophie, une métapsychologie, une science pratique pour se connaître et "se déployer" dans le monde. Elle nous propose une toute autre vision de l'être humain, où celui-ci est bien plus qu'un corps doté d'un cerveau. Elle nous présente une autre perspective sur l'homme, sa place et sa fonction dans l'Univers et surtout elle nous parle avec clarté et précison de ce que nous sommes en train de vivre collectivement actuellement tout en nous proposant de découvrir le "travail" que chacun d'entre nous a à accomplir sur Terre.

        Par les temps qui courent, dans la confusion grandissante, au milieu du chaos et du désordre créé par les intégrismes religieux et les intolérances multiples et diverses envers l'autre qui se développent un peu partout dans le monde, avec cette attitude désormais si répandue de crispation des individus sur eux-mêmes et leurs mesquines exigences tyranniques, cette approche de l'homme et de la Réalité me semble à la fois digne d'intérêt et réconfortante, car elle nous ouvre une fenêtre sur l'infini, c'est-à-dire sur les mystères de notre existence et de l'Univers, elle nous redonne espoir et confiance en un monde meilleur pour demain, même si ce demain risque peut-être de se faire attendre...Patience...Comme je l’écrivais déjà il y a bien longtemps : « Loin, très loin, attendant patiemment, l'Univers  nous regarde et sourit en silence à  nos balbutiements d'adolescents... »

Sachons aussi, comme nos amis Indiens le font, reconnaître en l'autre une parcelle incarnée du Divin !

Bien à vous. "Transcendantalement" et amicalement vôtre.



                                      ***************


(*) Parmi les ouvrages de Jean de Larche, voici ceux qui me semblent les plus importants :
Astrologie Transcendantale, Karma et Régénération, Editions Dervy-Livres, 1985.
L’Astrologie Transcendantale et la Voie du Dharma, Cairn éditions, 1990.
Cérès, planète maîtresse du signe de la Vierge, Editions François de Villac, 1994.
L’itinéraire Verseau. Précis d’Astrologie Transcendantale, Editions Asphodele, 2000.
Le zodiaque astrologique originel. Initiation au mystère de notre incarnation,
Lulu éditions (www.Lulu.com), 2008.
Koré. Présentation et analyse de la planète maîtresse du signe du Taureau,
Lulu éditions, 2012.


         



23.04.2014

La vie a-t-elle un sens ?


                                                          La vie a-t-elle un sens ?


            Quel est le lien entre le livre d’Hélène Grimaud ( Variations sauvages, Editions Robert Laffont, Collection Pocket, 2003 ) , ses expériences vécues, son histoire personnelle, la vision psychothérapeutique et existentielle de Viktor Frankl , l’ouvrage d’Isabelle Filiozat ( Trouver son propre chemin, Editions Pocket Evolution, 2004 ) et le travail de Neale Donald Walsh ?

            Tous les quatre nous parlent du sens à donner à sa vie, à son existence. Sans cette dimension, l’homme risque fort d’être malade, déséquilibré, malheureux et angoissé, laissent-ils entendre chacun à leur manière !

            On serait, tout de même, en droit de se poser la question suivante : nous faut-il une raison pour exister? Est-il nécessaire de donner un sens à notre existence ? Viktor Frankl pense , bien sûr, à la signification ( “meaning”, dit-il ) que nous pouvons donner à notre vie , mais en français l’ambivalence du terme nous fait aussi songer à la direction que prend notre existence ou que nous lui imprimons !  Ainsi, ne peut-on se contenter d’exister, de faire le constat de ce fait indéniable, ineffaçable et d’essayer de vivre le mieux possible ?

            En somme, pourquoi nous faut-il absolument trouver un sens à notre existence ? Nous existons, un point c’est tout ! C’est un fait brut et parfois brutal. Et cette façon de penser peut nous sembler, a priori, légitime. En effet, est-ce qu’on n’essaye pas de se raconter de belles histoires pour rendre notre vie moins déprimante, moins banale, moins incompréhensible…pour essayer de surmonter cet irrépressible sentiment de déréliction qui, parfois, nous saisit à la gorge ? Est-ce que ce ne serait pas encore un de ces nombreux stratagèmes que l’esprit humain a inventés pour se sortir de ce qu’il ressent parfois comme un traquenard ( “mais que suis-je venu faire dans cette galère ?”ou bien “J’ai pas demandé à venir au monde, moi !”, etc…) ?

            Etrangement, ce sentiment de “vide existentiel” ou de déréliction qui nous étreint ne peut surgir que si l’être humain se pose des questions sur lui-même, c’est-à-dire sur le pourquoi et le comment de son existence-même dans le monde . Car, lorsqu’il est l’”homme-machine” dont parle Gurdjieff,  lorsqu’il “obéit” à des instincts, comme l’animal, ou lorsqu’il se soumet à des “récits imposés” présentés par les religions et croyances diverses, il n’a pas de problèmes, il ne se pose pas de questions. Alors, bien sûr, il n’a pas d’angoisse. Avez-vous déjà vu un animal angoissé ?  L’expression  est un oxymore , pourrait-on dire . Quant aux croyants “purs et durs“, la seule source d’inquiétude possible ou de peur est de ne pas obéir aux injonctions que leur religion leur impose. Si vous suivez la ligne, comme en politique, aucune crainte à avoir !

            Est angoissé- à juste titre-l’être humain qui est suffisamment courageux pour se poser des questions  ou… pour se remettre en question, pour essayer d’explorer la réalité dans laquelle il se trouve, pour entrer dans l’ère du sens , c’est-à-dire pour accéder à une phase-clé de son évolution  en tant qu’espèce et en tant qu’individu.

            C’est pourquoi, l’existentialisme ( ou les existentialismes, pour être plus précis ) est cette tentative de l’être humain de se prendre en charge, de prendre ses responsabilités, d’être autonome et libre, d’interroger le monde et l’existence, en somme de découvrir ce qu’il fait dans cette vie.

             Dans les deux hypothèses suivantes: refuser de donner un sens ou le chercher, le résultat sera le même…Qu’il y ait un sens ou qu’il n’y en ait pas, l’issue sera la même : si l’être humain veut se voir comme autre chose qu’un automate, un “zombie errant dans le monde”, il lui faut posséder une (bonne ?) raison de vivre…En soi, la réponse est de peu d’importance, et on ne la connaîtra  peut-être jamais. Ultimement parlant, est-ce si essentiel? Il nous suffit d’être convaincu que notre vie a un sens, et cette simple pensée nous donne des ailes.

            Ceci étant dit, et pour revenir à une dimension plus pragmatique et plus prosaïque, même si nous ne désirons pas nous préoccuper de ces “grandes” questions ( parce qu’elles nous dépassent, diront certains!) n’est-il pas éminemment réconfortant et motivant de trouver  “un” sens ( à défaut de trouver “le” sens ! ) à notre existence ?

            Quoi de plus motivant, en effet,  que de comprendre que nous possédons tous  des compétences,  aptitudes ou qualités et qu’il est juste et légitime de les développer ( “Qu’as-tu fait de tes talents ?”, demande l’Eternel dans la Bible !) , ce qui nous permet de nous inscrire dans le monde comme un être unique ayant un projet unique et qui trouve sa place dans le grand jeu cosmique que constitue l’Existence de tout ce qui est !

            Mais, le sens n’est jamais donné . Il nous faut soit le dévoiler soit le créer. Trouver un sens ou créer du sens à notre vie est probablement hautement et profondément thérapeutique, car cela nous guérit de tous nos maux, comme l’ont si bien expérimenté Viktor Frankl et les adeptes de la logothérapie lors de leurs séances de thérapie !

            Alors, qu’en est-il vraiment: y a-t-il un sens déjà inscrit en lettres d’or ou en filigrane pour chacun d’entre nous sur notre “fiche signalétique d’être humain unique”, sens qu’il serait utile de connaître si nous voulons vivre de manière “sensée” ou signifiante ? Pour aider ceux qui n’auraient pas la capacité de le trouver, certains auteurs ( le plus souvent du courant  New Age ) ont décrété que le plus important n’est pas forcément de trouver le sens ( en supposant qu’il n’y en ait qu’un seul ! ) mais de le créer, c’est-à-dire de décider par nous-même, en exerçant notre libre-arbitre, le sens qui nous semble approprié à notre existence. Ce sens sera forcément le bon !

            De toute façon, de deux choses l’une: soit nous pensons   que tout ce qui existe est le fruit du hasard ( mais, parfois, on est surpris par la cohérence des choses et l’organisation du monde! ), alors nul besoin de se poser des questions; soit nous sommes persuadés qu’il y a une Volonté-Intelligence qui est à l’oeuvre dans le Cosmos et qui forme ce que nous appelons la Réalité ! Alors, il existe, il doit bien exister  une science, un art, une sagesse ( adoptez le terme qui vous convient ou prenez les trois à la fois! ) qui va nous guider dans l’existence, laquelle nous apparaît bien souvent comme labyrinthique, énigmatique ou incompréhensible !..Quelle voie suivre pour dévoiler ou mettre au jour ce projet personnel, essentiel parce qu’existentiel, cette raison d’exister unique à chacun(e) d’entre nous ?

            La réponse est bien délicate, car elle dépend de la sensibilité et du parcoırs de chacun d’entre nous dans ce monde devenu aujourd’hui si complexe et si  incertain. Bien sûr, il existe  de nombreux systèmes philosophiques et de multiples sagesses qui proposent des voies et offrent certaines réponses, mais celles-ci sont très générales et ne s’adressent pas nécessairement à chaque individu dans ce qu’il a de spécifique, d’unique, de particulier. Bref, elles ne satisfont pas complètement le besoin pressent, urgent et personnel de telle ou telle personne.

            C’est pourquoi, le livre d’Isabelle Filiozat que j’ai cité au début est utile dans la mesure où il nous force à effectuer un travail concret, pratique sur nous-mêmes. Et le travail sur soi , qui commence en s’interrogeant sur les fondements de notre personnalité présente ( laquelle s’est forgée à partir des expériences et épreuves vécues depuis notre plus tendre enfance ) et qui peut se faire à tout âge, mène nécessairement  au dévoilement progressif du sens de notre existence.

            Mais, sans nier les bienfaits que peut nous procurer la lecture de cet ouvrage et surtout son application pratique, je vous demande d’avoir de l’audace et de faire un pas de plus vers la compréhension de notre place et de notre responsabilité dans l’Univers en tant qu’individus et que membres d’une espèce galactique bien particulière… mais ceci fera l’objet d’une prochaine lettre. Car, il nous faudra aborder  alors une discipline émergente, l’Astrologie Transcendantale, dont j’ai déjà parlé dans des écrits précédents.

A bientôt donc !

“Significativement”  vôtre !


 

24.02.2014

Politique et spiritualité: le conformisme (a)politique


            Le conformisme et le totalitarisme sont les deux dangers qui menacent l’être humain à notre époque moderne. C’est ce que pensait déjà, à la fin de années 60,  Viktor Frankl, le fondateur de la logothérapie. En écrivant cela, il avait, selon moi, déjà compris ce qui empêche l’être humain d’être lui-même, c’est-à-dire d’être responsable et libre de ses actes et pensées. Dans le premier cas ( le conformisme ), “il peut désirer faire ce que d’autres personnes font”`; dans le second cas ( le totalitarisme ), “il peut faire ce que d’autres personnes désirent qu’il fasse” (1). Cette situation de dépendance psycho-mentale, toujours et plus que jamais d’actualité, est due, selon le neuro-psychiatre autrichien, à un état de “vide existentiel”, que je nommerai, pour ma part, vide spirituel. Car, c’est bien de cela dont il s’agit et Viktor Frankl ne me désapprouverait probablement pas, lui, qui en tant que psychiatre, est  l’un des seuls à parler de troubles “noogènes”, autrement dit de problèmes liés à un manque de sens , c’est-à-dire à un  profond désarroi spirituel. Diagnostiquée il y a déjà plus de 60/70 ans, cette situation est encore plus criante et évidente aujourd’hui. C’est sur ce point que Viktor Frankl est très moderne.
    
Mais, que le psychiatre autrichien me pardonne, j’irai plus loin en affirmant que de nos jours
ces deux écueils peuvent se fondre en un seul que j’appellerai le “conformisme totalitaire” tellement notre société moderne a fait accepter à tous les esprits un certain nombre de faits ou de “réalités” qui ne sont d’ailleurs plus discutés ou contestés, tels le système économique que l’on baptise aujourd’hui du nom de “libéralisme économique”, c’est-à-dire le laisser faire ou le laisser aller généralisé, système, on le voit chaque jour, éminemment destructeur non seulement de vies humaines mais aussi de valeurs essentielles et élevées, celles justement qui, au-delà de la morale de façade, nous propose une vraie dimension spirituelle et une existence qui ait du sens ( pour reprendre les termes  de Viktor Frankl ) !

            Voici une bonne introduction à notre  débat d’aujourd’hui : peut-on mêler, dans une même  réflexion, politique et spiritualité sans courir le risque de se fourvoyer ? A priori, on pourrait penser que ces deux domaines ne font pas bon ménage et cela n’est probablement pas faux. Mais, le fait de suivre une voie spirituelle nous interdit-il de nous intéresser à la politique ? Peut-être pas ! En tout cas, cela implique de prendre de la hauteur face à l’événement , quel qu’il soit, attitude qui n’est pas toujours facile à maintenir lorsqu’on s’occupe de politique, car cette dernière nous  pousse à une attitude passionnée et partisane. Si la voie spirituelle exige de nous de prendre nos distances avec notre petite personnalité, la seconde, au contraire, nous entraîne bien souvent à faire parler notre ego!

Qu’est-ce que la spiritualité sinon le fait de s’affronter soi-même avec les questions essentielles concernant notre existence , notre place et le sens de notre vie dans le monde ? En réalité, s’intéresser à la spiritualité exige de l’homme un grand courage, car il n’est pas toujours facile de s’interroger sur ces questions dans le déroulement concret de notre existence quotidienne. Voir le monde, la vie, les autres et soi-même selon une perspective spirituelle demande de nous que nous acceptions avec humilité que la Vie est bien surprenante et mystérieuse, qu’elle ne se résume pas à quelques schémas analytiques matérialistes et rationalistes et surtout que l’être humain est plus qu’un ensemble psycho-somatique façonné par l’environnement et une hérédité génétique. Il nous faut  vivre et explorer cette réalité avec la plus grande ouverture d'esprit qui soit. Car, s’il y a bien quelque chose d’éloigné  de la spiritualité, c’est l’intellect qui, avec son orgueil suffisant, prétend tout expliquer à partir de raisonnements bien “huilés” et pertinents. La Vie  se moque de toutes nos prétentions et nous renvoie à chaque instant à notre état de déréliction, qu’il nous faut de toute facon accepter au début de notre cheminement, quoi qu’on fasse, quoi qu’on pense, et quel que soit le système de croyance auquel on se réfère et auquel on se raccroche bien souvent pour éviter de se poser les vraies questions dans notre "irréductible solitude".

Lorsqu’on emprunte la voie spirituelle ou lorsqu’on se réfère à la spiritualité et qu’on la place au centre de notre existence, il nous faut être très prudent si l'on s’intéresse à la politique, qu’on s’essaye à une analyse ou qu’on émette des affirmations catégoriques et péremptoires, car on court souvent le risque d’être “à côté de la plaque” ou de produire un discours et une réflexion inadéquates, voire ignorantes...Certes, la voie spirituelle ne signifie pas, loin de là, se désintéresser de la politique, cela signifie l’appréhender d’une autre manière ..., mais pour cela il nous faut aussi posséder un minimum de bagages et de connaissances sur les “affaires de la cité”, ses jeux et ses enjeux!...On ne peut pas se permettre d’être naïf ou ignorant et surtout pas de “faire de l’angélisme”...

Il s’agit, tout d’abord, de bien distinguer “le politique” de “la politique”. Le premier nous concerne tous dans la mesure ou nous sommes, selon la formule désormais consacrée , “des animaux sociaux”, contraints- consentants ou non - de vivre ensemble. La deuxième renvoie au domaine, à la “profession” ( en est-ce vraiment une ? ) qui a pris tous les individus en otages et qui prétend régenter le monde et la société au nom d’une légitimité auto-proclamée !...Vous conviendrez que la différence est de taille !

Ce qui me semble  dangereux, c’est l’attitude d’une catégorie de personnes qui s’occupent de spiritualité et qui en même temps se considèrent, ou se déclarent hors de la politique, tout en émettant des avis très catégoriques sur les événements du monde. Ceux qu’on pourrait appeler, de manière hâtive, des personnes “apolitiques” sont le plus souvent des personnes dépolitisées, qu’elles soient indifférentes ou ignorantes. Cette situation les amène, dans la grande majorité des cas, à reproduire un discours politique officiel, conformiste et “labellisé”, que les dirigeants politiques, quels qu’ils soient, ont envie d’entendre. Elles se retrouvent, le plus souvent, à soutenir, sans le savoir, l’ordre établi et “la pensée unique”!

C’est pourquoi, il est nécessaire et salutaire, sur ce point, de faire la distinction entre ce que j’appellerai les “faux apolitiques” (à savoir les personnes dépolitisées ) des “vrais apolitiques”, ceux qui se mettent totalement en-dehors de la perspective et de la vision politiques/politiciennes et qui refusent de “jouer” au jeu que nous imposent les “professionnels du pouvoir”. Je respecte et admire cette deuxième catégorie de personnes et serai près d’affirmer qu’un individu qui prétend vivre selon une perspective spirituelle est nécessairement et fondamentalement “apolitique” au sens strict du terme. Ce qui est trés différent de l’“apolitisme de façade” qui débouche sur le conformisme, lequel est lui-même la porte ouverte à tous les totalitarismes !

La voie spirituelle est exigeante, elle ne nous permet pas de jouer sur les deux tableaux !
Elle nous oblige à aller au-delà d’une vision “mondaine” des choses, elle nous contraint à la plus grande sincérité. Lorsqu’on se prononce sur un sujet d’actualité ou sur un problème socio-politique précis, il nous faut toujours être très attentif à prendre de la hauteur par rapport à l’événement, se méfier des prises de position faciles , souvent “populistes” qui vont “caresser nos semblables dans le sens du poil” ! Il faut toujours appréhender la situation ou le thème selon l’angle le plus “généreux”, le plus “universel”, le plus “sage”, le plus compréhensif et compatissant qui soit...

            Bref, ce n’est pas parce qu’on se place dans une perspective spirituelle qu’il nous faut délaisser  ce qui se passe autour de nous et dans le monde, sauf si l’on choisit le chemin bien étroit et difficile du renoncement et de la vie érémitique, mais il nous faudra toujours replacer chaque situation dans un contexte plus vaste, celui de la spiritualité. En résumé, c’est la perspective spirituelle qui prime et doit primer sur la vision politique et sociale, car celle-ci ne se situe qu’au niveau horizontal et non vertical , celui de l’être. Le spirituel possédera toujours une dimension de plus que le socio-politique ! Gardons cela bien en vue, pour ne pas nous laisser entraîner  par une attitude réactionnelle qui risque de nous faire perdre notre équanimité indispensable à notre développement en tant qu’être complet et non limité par des caractéristiques sociales, culturelles, familiales, ethnologiques, historiques. Ces derniéres ne représentent toutes que la surface de nous-même en tant qu’individu possédant un nom et une forme corporelle bien précis, caractéristiques reconnues, malheureusement, comme étant les seuls critères de notre identité dans ce monde et cette société actuels!


                                                           ******************


(1)   p.83 de l’ouvrage de Viktor Frankl traduit en français sous le titre Nos raisons de vivre, A l’école du sens de la vie, Interéditions-Dunod, Paris, 2009, dont le titre original  paru en 1969 aux Etats-Unis est The Will to Meaning. Foundations and Applications of Logotherapy.

Il est dommage que Viktor Frankl, que je n’ai découvert que récemment, ait été ignoré ou délaissé en France par les milieux psychanalytiques, car il me semble avoir une vision beaucoup plus vaste, qui peut combler les vides laissés par une explication freudienne ou adlérienne de l’existence !