31.08.2015

Réflexions sur l'état du monde: la sagesse des 3 s ....

Réflexions sur l’état du monde : la sagesse des 3  s…
                                               
            Après plus de 8 mois de silence dû à des événements personnels qui m’ont confronté à ce que la Vie nous offre de plus choquant et de plus déroutant, à savoir la mort d’un proche, me voici de retour parmi vous. Mais,  reste-t-il encore des oreilles pour m’écouter ou plutôt des yeux pour lire  les pensées de quelqu’un qui ne prétend à rien et n’est rien en termes de notoriété ou de connaissances….
            « Ecrire, pour quoi faire ? » me suis-je posé à moi-même la question lorsque j’ai commencé ce blog il y a maintenant plus de 3 ans. Au moins, pour essayer de partager ses pensées et ses sentiments ; au plus, peut-être, pour se satisfaire, car je crois que tout écrivain, quel qu’il soit, amateur ou professionnel, et quel que soit le genre d’écriture qu’il développe, écrit pour le plaisir, car l’écriture est un plaisir, certes narcissique, mais un grand plaisir quand même.
            Après une période de silence et de retrait nécessaire pour pouvoir affronter ses propres peurs, angoisses, incertitudes, remises en question radicales de ses propres convictions,- en somme une activité humaine, bien humaine, «trop humaine» ( pour parodier Nietzsche )- il m’est difficile de ne pas revenir à ce qui préoccupe mes semblables aujourd’hui, puisque désormais avec Internet et les réseaux dits «sociaux» (selon l’expression consacrée ) le monde est devenu «global» pour son bien et pour son mal !
            Un rapide tour d’horizon suffit à se convaincre que nous sommes entrés (depuis un certain temps déjà!) dans une période de flou, de confusion, d’agitation, de peur , d’angoisse, de violence et d’intolérance de toutes sortes, avec des schémas dramatiques qui se répètent, comme si l’histoire bégayait, ( le fameux schéma répétitif dont parle l’Astrologie Transcendantale) mais cette fois-ci à une échelle mondiale et collective, celle de l’Humanité dans son ensemble et de notre belle planète, schémas répétitifs par cette persistance, dans certaines régions du monde, de régimes dictatoriaux qui nient purement et simplement l’existence humaine. Ce qui, par comparaison, permet à nos belles démocraties libérales de paraître un havre de paix, un lieu où il fait bon vivre… si on se laisse hypnotiser par le conformisme consumériste ambiant. Qui lui-même provoque, par la profusion de fabrications …d’objets de consommation, des poussées de monoxyde de carbone dans l’atmosphère, mais il faut bien relancer la croissance, nous dit-on par ailleurs. On est alors en pleine contradiction : relancer la croissance par la consommation en espérant créer des emplois et en même temps préparer une conférence mondiale pour limiter le réchauffement climatique! Sans comprendre que tout est lié et qu’on ne peut pas tout avoir !...                                                                                 
On pourrait aussi disserter longuement sur les raisons, les circonstances et les objectifs de la  barbarie de l’Etat islamique ou de Daech (peu importe le nom, il recouvre la même «force obscure»), sur la stratégie à appliquer pour la combattre. Il n’en reste pas moins qu’ils constituent des «révélateurs» pour mettre en évidence notre hypocrisie, double langage et autres lâchetés. Et c’est sans doute cela la «fonction» de ces «encagoulés», même s’ils ne le savent pas eux-mêmes. Voir jusqu’où nous pourrons accepter leur violence, leur fanatisme, leur aveuglement. Ils ne pourront sans doute pas gagner, mais cela se fera à quel prix ?  Plus nous hésitons et attendons et plus ils se renforcent. Rappelez-vous Hitler et sa stratégie d’intimidation. Apparemment, la leçon n’a pas servi et l’Histoire se répète.
            Tous ces faits, tous ces problèmes ont en commun d’apparaître au même moment Ils constituent tous des «révélateurs». De quoi ? D’une époque ! Mais, j’en ai déjà parlé dans des «lettres» précédentes. Pour cela, il nous faut changer de «lunettes» pour lire ce qui se passe actuellement au niveau mondial. Et souvent, nos intellectuels ou nos «grands cerveaux» semblent bien dépassés par les événements, dépendants qu’ils sont de «grilles de lecture» désormais inopérantes. L’époque actuelle est un moment de transition entre une ère (celle des Poissons) et une autre à venir (l’ère du Verseau) ; et comme toute transition elle est longue et pénible à vivre, mais elle est riche de promesses et de nouveautés. Jean de Larche, qui nous a quittés il y a quelques mois, en parlait tellement bien dans ses ouvrages sur l’Astrologie Transcendantale. Mais, qui se préoccupe d’avoir une vision différente aujourd’hui ? Qui accepte que l’homme, le monde, les planètes et probablement le Cosmos dans son ensemble dépendent d’une autre horloge, l’Horloge Cosmique (qu’une étude astrologique sérieuse peut révéler). Seuls quelques visionnaires l’ont évoqué : qui les a lus ou pris au sérieux ? Ce qu’ils disaient n’a rien de catastrophiste (et ne ferait sûrement pas un bon scénario hollywoodien), ils en parlaient comme d’une organisation cosmique du monde et de la Vie pleine de sens et, en réalité, passionnante…Lisez ou relisez, entre autres, Dane Rudhyar pour l’astrologie,  Teilhard de Chardin en Occident, Şri Aurobindo en Orient.
            Et c’est justement au moment où l’être humain devrait être le plus sensible à l’intérêt général qu’il s’accroche désespérément à une sorte d’individualisme égoïste complètement dépassé (sans doute une réaction de peur et d’auto-défense devant le chaos apparent du monde!).
             Les systèmes de pensée ou les philosophies ne nous fournissent pas non plus de réponse satisfaisante aux soubresauts de notre monde moderne. Ce que je vais dire pourra paraître iconoclaste ou aberrant, mais nous n’avons pas besoin de «penseurs», de décideurs ou de «managers», nous avons, comme le dit le Dalaï-Lama, cruellement besoin de gens de cœur ou de bonne volonté pour continuer à faire marcher la maison Terre. Car, s’il y a des certitudes à notre époque, elles ne sont que négatives : l’horizon semble parfois bien sombre à l’échelle mondiale. Oui, nous avons désespérément besoin de «guérisseurs» et non de «leaders» ou de décideurs, car notre monde et notre humanité sont malades, malades de la croyance en la «séparation» (et donc de la supériorité de certains sur d’autres !) entre les hommes eux-mêmes et surtout entre les genres et les espèces du Vivant. Le jour où l’homme s’est déclaré le maître de la Terre et de la Nature a été le début de sa fin!
            Il nous faut sans doute revenir à une sorte de sagesse (et donc d’humilité) ancestrale, qui n’existe plus dans nos sociétés modernes, technologiques et prétentieuses. Sagesse et non philosophie «philosophante»…Maintenant, il faut apprendre à vivre avec les autres, ce qui signifie  tout d’abord apprendre à vivre avec soi-même…Quelque chose qui n’entre pas dans nos sacro-saints programmes scolaires et qu’il faudra bien un jour intégrer à une démarche éducative visant à créer des « êtres humains nouveaux » susceptibles de créer un « monde nouveau ». La lecture de l’ouvrage Entrer en amitié avec soi-même (Edition La Table Ronde, 1991) de Pema Chödrön, moniale bouddhiste américaine, peut nous y aider. Loin de toute prétention et de tout discours «savant», la démarche de cette femme est humaine, tellement humaine, car elle nous montre, dans le concret de ses méditations quotidiennes, comment nous, toutes et tous, pouvons, sans être forcément bouddhistes,  entrer dans l’intimité de notre être véritable et profond pour y découvrir ce qui nous aidera à améliorer notre propre situation personnelle ainsi que celle du monde par la même occasion.
            Pour moi qui ai passé des années dans ma jeunesse à lire, à commenter et à discuter sur les «sutra» (grands textes) bouddhiques du Grand Véhicule, la lecture de cet ouvrage me montre une vision directe, pratique et finalement salutairement féminine, des principes et de la sagesse bouddhiques. Il suffit de lire ce qu’elle écrit sur le «samsara» ( la suite indéfinie et aveugle des existences !) pour comprendre qu’elle ne fait que résumer l’essentiel de nos comportements et pratiques habituels dans la vie, cette existence banale et répétitive qui nous conduit à refaire les mêmes erreurs et à nous fourvoyer dans les mêmes impasses. « L’essence du samsara est cette tendance à chercher le plaisir et à éviter la douleur, à chercher la sécurité et à éviter l’absence de base solide, à chercher le confort et à éviter la gêne. (…) c’est ainsi que nous restons triste, malheureux, prisonnier d’une vision étroite de la réalité. » (opus cité, p.211) Ces quelques mots résument à eux seuls l’essentiel du quotidien de nos semblables et contemporains. Nous recherchons le «confort» à tout prix pour ne pas affronter nos problèmes et nos parts d’ombre.
            Oui, loin des rumeurs et des fureurs du monde, dans la simplicité de la découverte de nous-mêmes, loin des discussions vaines et sans fin sur les causes et les conséquences des événements qui font l’actualité, nous voici enfin au cœur de ce qui devrait constituer notre contribution à l’apaisement des tensions … au rééquilibrage de nos énergies et à la modeste et patiente réflexion qui nous est nécessaire pour envisager l’avenir de notre planète, car désormais on ne peut plus penser seulement local, même si notre quotidien peut et doit se focaliser sur notre environnement le plus proche.
            L’Europe n’a plus d’ «âme», lit-on dans les commentaires journalistiques. Bien sûr, car, oubliant tous ses idéaux de paix et de cohabitation, elle s’est fourvoyée dans des considérations technocratiques, paraissant de cette façon comme incompréhensiblement autoritaire et sans pitié vis-à-vis de ses citoyens, elle s’est perdue dans une fuite en avant de rigueur budgétaire pour les peuples et de laisser-aller financier intolérable pour les grandes banques. Elle aurait dû se présenter comme un modèle pour les autres régions du monde, elle se renferme lamentablement sur elle-même, donnant l’impression pitoyable d’une forteresse assiégée. Elle pourrait avoir un but très clair et un idéal très élevé si elle concentrait toutes ses énergies à la transition énergétique qui viendra tôt ou tard si nous voulons avoir une chance de survivre en tant qu’espèce vivante sur cette belle planète. Cet idéal peut générer des millions d’emplois, surtout si cette révolution s’accompagne d’un développement raisonné et d’une agriculture locale et écologique, respectueuse de l’environnement. De plus, l’Europe pourrait devenir un sanctuaire pour des espèces végétales et animales  menacées (ceci pour répondre au désir  légitime de protection de la diversité cher à Hubert Reeves). Que de projets exaltants cela pourrait générer, si elle mettait en valeur la créativité étonnante de sa jeunesse qui invente à tour de bras des solutions concrètes et viables pour améliorer notre quotidien tout en respectant l’environnement. Solidarité et sobriété devraient être les mots d’ordre de cette nouvelle société que nous voulons mettre en place avant qu’il ne soit trop tard.
            Il y manque certes un troisième  «s», car, comme le souligne Pierre Rabhi, écologie sans spiritualité serait comme science sans conscience!...Que faire d’une pratique écologique si nous ne la rattachons pas à une vision élevée et verticale de l’homme et du monde. Nous retomberions bien vite dans une vision utilitariste qui a montré ses limites et ses dangers. Ainsi, nous aurions un triple «, 3 pierres de  touche pour mettre en place un «nouveau monde»: solidarité (l’homme dans sa dimension horizontale et donc dans sa relation aux autres!)-sobriété (stratégie pour faire face à la situation actuelle de la Terre et de l’Humanité !)-spiritualité (l’homme dans sa dimension verticale et donc dans sa relation à lui-même et au grand mystère de l’existence!). Vous avez bien lu : je parle de spiritualité et non de religion, celle-ci s’étant  discréditée d’elle-même (il suffit de voir l’état du monde à ce sujet !) Mettons donc en application ces 3 principes et nous aurons quelques chances de dévier de notre trajectoire collective suicidaire !
            Vous l’avez bien compris, l’individualisme effréné d’aujourd’hui ,où tout le monde revendique ses petites libertés personnelles sans jamais se préoccuper de celles des autres, où chacun parle de ses droits sans jamais mentionner ceux des autres et encore moins ses devoirs, est juste à l’opposé de la démarche préconisée par Pema Chödrön qui nous parle d’une quête , la découverte patiente de nous-mêmes (sans rien omettre et surtout pas nos travers et nos peurs enfouies) et la construction silencieuse d’une amitié avec le meilleur de nous-mêmes, c’est à-dire avec l’être profond et véritable qui se trouve masqué par nos fausses identités, par les images déformées que nous renvoient les autres et notre désir de plaire. Oui, sans doute tout un programme, mais qui peut tant nous apporter à nous-mêmes ainsi qu’aux autres.
Soyons endurants et supportons avec courage mais sans complaisance les «orages» présents et à venir. Ils ne font qu’annoncer ce qui s’en vient et qui peut, si nous le voulons, être le meilleur de ce que l’Humanité est capable de réaliser.  
Fidèlement vôtre.

L’arche du voyageur, Tourtoirac, 31 août 2015.